Des hommes armés ont ouvert le feu dimanche sur un commissariat de police de Kano, la grande métropole du nord du Nigeria secouée par une vague d'attaques attribuées à des islamistes, ont rapporté témoins et police sans pouvoir indiquer s'il y avait des victimes.

«Un nombre important d'hommes armés a fait une descente sur le quartier à l'heure de la prière et a ouvert le feu sur le commissariat. La police a répliqué et la fusillade dure depuis trente minutes», a déclaré à l'AFP un témoin, Kabiru Maikatako.

Le responsable de la police de l'État de Kano, Ibrahim Idriss, a confirmé l'attaque auprès de l'AFP sans pouvoir fournir de précisions.

Kano a été secouée le 20 janvier par une série d'attaques à l'explosif et à l'arme à feu visant principalement des commissariats de police. Au moins 185 personnes ont été tuées dans ces assauts spectaculaires revendiqués par le groupe islamiste Boko Haram.

Depuis, les violences se poursuivent et des commissariats de la deuxième ville du Nigeria ont encore été attaqués.

Selon Abbas Saleh, un chauffeur de taxi témoin de l'assaut de dimanche, les assaillants «ont attaqué le commissariat, criant Allahou Akbar». «J'entends des tirs, je ne sais pas s'il y a des morts ou des blessés», a-t-il dit.

L'attaque n'avait pas été revendiquée dimanche soir.

Boko Haram mène depuis plusieurs mois des attaques de plus en plus meurtrières visant tour à tour des symboles du pouvoir (police, armée, hommes politiques), les Nations unies ou encore des églises.

Vivement critiqué pour avoir échoué à endiguer ces violences, le président Goodluck Jonathan a dit récemment que Boko Haram devait clarifier ses revendications pour un éventuel dialogue.

Une proposition rejetée samedi soir par un porte-parole présumé du groupe, Abul Qaqa. L'appel n'est «pas sincère» car le jour où le chef de l'État s'exprimait, «un nombre important de nos membres a été arrêté à Sokoto», dans le nord-ouest, a-t-il affirmé lors d'une conférence audio avec des journalistes à Maiduguri (nord-est).

Si ses membres ne sont pas libérés, Boko Haram «lancera à Sokoto des attaques semblables aux grandes attaques menées à Kano», a-t-il averti.

Sokoto, capitale de l'État éponyme, est notamment le siège du sultan de Sokoto, plus haute autorité religieuse musulmane au Nigeria.

Boko Haram, tentant visiblement de s'attirer la sympathie de la population, a assuré dans des tracts distribués ce week-end à Kano que les civils tués dans cette ville le 20 janvier l'avaient été par les forces de l'ordre.

Des habitants d'au moins quatre quartiers ont trouvé glissé sous leur porte ce tract attribué à Abubakar Shekau, le leader présumé du groupe, mais dont l'authenticité ne pouvait être confirmée.

Abubakar Shekau y énumère quatre «catégories de personnes» visées: représentants du gouvernement, membres des agences de sécurité gouvernementales, chrétiens affiliés à l'Association chrétienne du Nigeria, et «toute personne collaborant pour obtenir l'arrestation ou la mort (de nos membres), même s'il s'agit d'un musulman».

Boko Haram veut un État islamique dans le nord du Nigeria, économiquement défavorisé et à majorité musulmane, tandis que le sud, où se trouve la région pétrolifère du premier producteur d'Afrique, est à dominante chrétienne.

Les islamistes ont revendiqué des attentats contre des églises le jour de Noël, faisant naître des craintes de violences interconfessionnelles.

Dimanche, à Kano, les chrétiens étaient moins nombreux que d'habitude à se rendre à la messe dans des églises sous haute surveillance des forces de l'ordre, a constaté un correspondant de l'AFP.

«Avec ma famille, je suis resté prier chez moi (...) car nous avions peur d'attaques de Boko Haram», a déclaré à l'AFP Kola Adesina, 42 ans.