Le vice-président du Sud-Soudan Riek Machar a affirmé lundi avoir échoué à convaincre les dirigeants nordistes de retirer leurs troupes de la ville disputée d'Abyei, dont elles ont pris le contrôle le 21 mai.

À l'issue des premiers entretiens à haut niveau depuis la prise d'Abyei par les Forces armées du Soudan (SAF), M. Machar a expliqué à la presse que son homologue nordiste Ali Osman Taha avait refusé tout retrait, jugeant que l'armée devait y rester jusqu'à ce qu'une solution politique soit trouvée.

Ces entretiens étaient destinés à désamorcer les tensions autour de cette région que se disputent le Nord et le Sud.

Le 21 mai, l'armée du Nord a pris le contrôle de la ville d'Abyei et s'est déployée jusqu'à plusieurs kilomètres au sud, en violation des accords de paix qui avaient mis fin en 2005 à la guerre civile entre le Nord musulman et le Sud chrétien.

Cette avancée a provoqué la fuite vers le sud, en zone sous contrôle de l'armée sudiste, d'au moins 39 000 personnes --en majorité des Sudistes de la tribu Dinka Ngok-- dont beaucoup restent cachés dans la brousse par peur des bombardements aériens nordistes, selon l'ONU.

Selon le gouvernement du Sud-Soudan, ce sont plus de 150 000 personnes qui ont fui Abyei et ses environs, mais ce chiffre n'a pas été confirmé de source indépendante.

Lors de sa conférence de presse, M. Machar a par ailleurs rejeté l'installation par les Nordistes d'une «administration militaire» à Abyei, assurant que cela n'aidera pas à régler «la catastrophe humanitaire».

Un porte-parole des SAF a annoncé dans la journée la nomination du général de brigade Ezzedine Osman au poste d'«administrateur intérimaire» d'Abyei.

M. Machar a aussi réaffirmé l'engagement du dirigeant du Sud-Soudan Salva Kiir, qui a récemment exclu un retour à la guerre avec les anciens ennemis du Nord.

À la lisière entre le Nord et le Sud, Abyei devait organiser en janvier un référendum local pour choisir son rattachement au Nord ou au Sud, parallèlement à la tenue d'un référendum au Sud-Soudan qui a vu une écrasante majorité en faveur de la sécession.

Faute d'accord, notamment sur le droit de vote des Misseriya, le référendum d'Abyei a été reporté sine die et les combats armés s'y sont multipliés, jusqu'à l'intervention de l'armée nordiste.