Le président centrafricain François Bozizé a annoncé jeudi le deuxième report des élections présidentielles et législatives prévues cette année, sans annoncer de nouvelle date, après de multiples appels en ce sens de sa classe politique et de la communauté internationale.

Ces scrutins, initialement programmés pour le 25 avril, avaient été repoussés au 16 mai sur proposition de la Commission électorale indépendante (CEI) mais contre l'avis de plusieurs acteurs de la politique centrafricaine, incluant la majorité présidentielle, qui avaient réclamé un nouveau report.

«Les élections ne vont pas se tenir le 16 mai», a déclaré M. Bozizé à la fin d'une réunion avec la CEI, les partis de toutes tendances, des ex-rébellions, des diplomates et la société civile.

«Lorsque toutes les parties impliquées dans ces élections, y compris la communauté internationale, seront prêtes, nous iront à ces élections», a-t-il affirmé, sans fournir de nouvelle date.

Il a toutefois laissé entendre que le nouveau délai pourrait dépasser le 11 juin, date officielle de fin de son premier mandat.

«Il ne nous reste plus qu'à confier la suite à l'Assemblée nationale, car il se pourrait que le 11 juin soit dépassé», a ajouté François Bozizé, porté au pouvoir par un coup d'État en mars 2003, élu président à l'issue d'un scrutin organisé en mai 2005 et candidat cette année à sa propre succession.

«Donc, notre Assemblée doit nous proposer des textes. Sans cela, nous rentrerons dans la +Somalisation+», a-t-il ajouté, en référence à la Somalie,  en guerre civile depuis 1991.

L'Assemblée nationale «va se mettre au travail», a assuré son président, Célestin Leroy Gaombalet, sans fournir non plus de calendrier.

Les partisans du report avaient soulevé plusieurs questions sur la préparation des scrutins, la méthode d'établissement du fichier électoral et surtout la sécurité, au moment où le programme de désarmement démarré en 2009 est paralysé. Le blocage est lié au paiement de primes aux ex-combattants.

La commission électorale, ayant longtemps soutenu qu'elle respecterait le calendrier officiel, a reconnu jeudi lors de la réunion que «tenir le délai» du 16 mai était désormais pour elle une mission impossible «techniquement».

«Rien que les opérations de saisie des nouvelles listes électorales jusqu'à leur certification prendront des délais que la CEI n'est pas en mesure de fixer actuellement», a expliqué son porte-parole et rapporteur général, Rigobert Vondo.

Auparavant, le président de la CEI Joseph Binguimalé avait fait état à l'AFP de difficultés financières pour la commission, qui a besoin de 3,5 milliards de FCFÀ (plus de 5,3 millions d'euros), soit la moitié du budget prévisionnel global pour l'organisation des élections.

Selon lui, Bangui a versé 3,5 milliards (5,3 millions d'euros), la France 130 millions de FCFÀ (198.000 euros) et le Programme des Nations unies pour le développement 80 millions de FCFÀ (122.000 euros). Le reste du financement doit émaner de la communauté internationale.