Deux membres présumés du gang criminel Mungiki ont été décapités lundi et leur doigts sectionnés par une foule en colère à Karatina dans le centre du Kenya, a-t-on appris de source policière.

Ce double meurtre s'est déroulé dans la localité où 29 personnes avaient été tuées dans la nuit du 20 au 21 avril par des membres présumés des Mungiki lors d'une expédition punitive présumée contre la population qui avait lynché plusieurs d'entre eux les jours précédents. «Les deux membres présumés de la secte Mungiki ont été tués à la machette par une foule dont on nous dit qu'elle était appuyée par une milice d'autodéfense», a déclaré à l'AFP le porte-parole de la police nationale Eric Kiraithe.

Ce nouvel incident intervient trois jours après la remise en liberté du chef des Mungiki Maina Jenga et de 21 autres membres présumés du gang qui étaient poursuivis pour ce meurtre collectif. Le procureur a estimé que les charges pesant contre eux dans ce dossier étaient insuffisantes.

La secte Mungiki («foule» ou «multitude», en langue kikuyu) était à l'origine un groupe religieux de jeunes, essentiellement des chômeurs issus de l'ethnie kikuyu, pratiquant des rites traditionnels.

Le mouvement, se réclamant des guerriers Mau Mau qui se sont illustrés lors de la guerre d'indépendance du Kenya, a été interdit en 2002. Les autorités l'accusaient d'être devenu une puissante organisation criminelle avec des relais politiques et pratiquant le racket à grande échelle, notamment dans le secteur des transports collectifs.

La police les a également accusés d'au moins 50 meurtres, dont une dizaine par décapitation depuis mars 2007, et a lancé contre eux plusieurs opérations d'envergure.