Un député a été assassiné vendredi à Mogadiscio, troisième d'une série d'assassinats de hauts responsables de Somalie où le gouvernement lutte pour sa survie face à l'offensive de plus en plus virulente des insurgés islamistes.

Il s'agit du troisième assassinat en trois jours d'un haut responsable somalien, preuve du durcissement de l'offensive des insurgés contre un gouvernement aux abois.

Mohamed Hussein Addow, un chef de guerre rallié au pouvoir intérimaire, a été tué vendredi par des hommes armés dans le nord de Mogadiscio.

«Nous avons eu la confirmation de l'assassinat de Mohamed Hussein Addow qui été tué par balles», a déclaré à l'AFP le ministre adjoint aux Transports, Mohamed Dhere.

Un haut responsable de la police, le colonel Bahir Mohammed, a confirmé à l'AFP l'assassinat du député. «Le parlementaire a été tué par balles par des hommes armés et nous enquêtons», a-t-il précisé.

Selon des témoins, des affrontements ont eu lieu vendredi à Karan, quartier du nord de la capitale où était basé le parlementaire. Le député aurait été capturé et exécuté par les insurgés qui ont pris le contrôle de la zone.

M. Addow était un fervent partisan du président Sheikh Sharif Ahmed, un islamiste modéré élu à la tête du pays fin janvier.

L'assassinat n'a pas été revendiqué, mais les insurgés ont lancé depuis le 7 mai une offensive contre le gouvernement de M. Ahmed qu'ils ont juré de renverser.

La série noire pour ce gouvernement s'est poursuivie vendredi, après l'assassinat mercredi du commandant de la police de Mogadiscio et sa région, et la mort du ministre de la Sécurité intérieure Omar Hashi Aden dans un spectaculaire attentat suicide jeudi dans la ville de Beledweyne (300 km au nord de Mogadiscio), qui a coûté la vie à 19 autres personnes.

À l'offensive du 7 mai à Mogadiscio, menée par les shebab et la milice Hezb al-Islamiya, les forces loyales à M. Ahmed ont répondu le 22 par une contre-offensive, mais qui se heurte à des revers.

Manifestement inquiète de la tournure des événements, la communauté internationale a rapidement réitéré son soutien au gouvernement somalien, évoquant une «menace» pour l'ensemble de la région.

Dans un communiqué conjoint, l'ONU, la Ligue des États arabes (LEA), l'Union africaine (UA) et l'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad, six pays d'Afrique de l'Est) ont «condamné fermement l'horrible attentat suicide à la voiture piégée à Beledweyne».

«Cette attaque déplorable démontre une fois de plus que les extrémistes tenteront tout pour réaliser leur objectif désespéré de prendre par la force le pouvoir du gouvernement légitime de Somalie», ajoute le communiqué.

«Nous appelons le TFG à ne pas se laisser décourager par ces crimes violents d'une petite minorité et à poursuivre ses efforts pour la paix et la réconciliation», ajoute le document.

Jeudi soir, le chef de la diplomatie de l'Union européenne (UE), Javier Solana, avait dénoncé cet attentat suicide estimant aussi qu'il visait à «saper la réconciliation» du peuple somalien. Paris, Washington et Londres ont aussi condamné et réaffirmé leur soutien au TFG.