Le premier ministre zimbabwéen Morgan Tsvangirai, rentré lundi à Harare après avoir subi des examens médicaux au Botswana, a exclu toute tentative d'assassinat dans la collision qui l'a blessé et a tué sa femme, estimant qu'il s'agissait d'un accident de la route.

«Lorsque quelque chose arrive, il y a toujours des spéculations mais je veux souligner que dans ce cas, si c'était une action criminelle, il y aurait une chance sur mille», a-t-il déclaré à ses proches réunis à son domicile de Harare, devant des journalistes.

«C'est un accident et malheureusement elle en est morte», a-t-il ajouté, le visage toujours enflé trois jours après le drame.

Cet accident a suscité durant le week-end de nombreuses interrogations, l'ex-opposant ayant été l'objet de plusieurs tentatives d'assassinat par le passé.

Mais l'ancien la Grande-Bretagne, ancienne puissance coloniale, estimait dès samedi qu'il s'agissait d'un «vrai accident» de la route. Le parti de M. Tsvangirai, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), s'est refusé à spéculer sur une éventuelle origine criminelle tout en menant sa propre enquête.

Lundi, le premier ministre est revenu dans son pays pour préparer les obsèques de sa femme. Il ne portait aucun bandage mais son visage était encore enflé.

«Je me sens bien», a simplement déclaré à l'aéroport M. Tsvangirai qui s'exprimait pour la première fois devant la presse depuis son accident.

Cet ancien syndicaliste a ensuite rejoint son domicile où il a reçu de nombreux témoignages de soutien de la part de leaders africains ainsi que, selon ses proches, du couple d'acteurs américains Angelina Jolie et Brad Pitt qui l'ont appelé au téléphone.

«La majorité de ses (six) enfants sont maintenant ici. Ce sont des obsèques organisées par la famille. Il va rencontrer ses proches tout au long de la journée», a indiqué son porte-parole James Maridadi.

Il devait assister mardi, jour de son 57e anniversaire, à une cérémonie dans un stade de Harare à la mémoire de sa femme.

Les obsèques auront lieu mercredi à Buhera (sud), la ville d'origine du couple Tsvangirai.

«Je veux remercier Dieu pour m'avoir accordé de vivre 31 ans avec ma femme (...) je sais que cela va être difficile sans elle», a déclaré le premier ministre devant une centaine de proches.

Son épouse, âgée de 50 ans, a été tuée dans une collision avec un camion d'aide américano-britannique alors que le couple se rendait en voiture de Harare à Buhera pour assister à un meeting.

Le premier ministre a été victime de cet accident trois semaines après avoir pris ses fonctions dans un gouvernement d'union sous la présidence de Robert Mugabe, 85 ans et au pouvoir depuis 1980, suscitant de nouvelles inquiétudes sur la pérennité de cette coalition.

Le fragile accord, censé mettre fin à l'impasse politique qui paralysait le pays depuis des mois, a été ébranlé par l'arrestation d'un des leaders du MDC, Roy Bennett, et son maintien en détention.

Une mission du Fonds monétaire international (FMI), qui avait suspendu fin 2006 ses opérations au Zimbabwe, était attendue lundi à Harare après avoir été invitée par le nouveau gouvernement, en quête d'une aide financière d'urgence pour redresser le pays en proie à une grave crise économique et humanitaire.

L'hyperinflation se chiffre en milliards de pour cent, le chômage touche 94% de la population et une épidémie de choléra a fait plus de 4000 morts depuis août.