Deux travailleurs humanitaires, dont l’un était canadien, ont été tragiquement tués samedi par une frappe russe ayant touché leur véhicule lors d’un déplacement, a annoncé dimanche l’organisme ukrainien qui les employait.

C’est vers 10 h, heure locale, que quatre membres du groupe Road to Relief, qui vient en aide à la population affligée par l’invasion russe, sont partis de Sloviansk vers Bakhmout pour « évaluer les besoins des civils pris entre deux feux dans la ville d’Ivanivske », relate l’organisme sur sa page Instagram.

Peu après la ville de Tchassiv Iar, à quelques kilomètres de l’arrivée, leur véhicule a toutefois été directement ciblé par une frappe russe. La voiture s’est alors renversée avant de prendre feu.

Quatre personnes se trouvaient dans le véhicule au moment des faits : le volontaire médical allemand Ruben Mawick, le volontaire suédois Johan Mathias Thyr, le volontaire canadien Anthony « Tonko » Ihnat ainsi que la volontaire espagnole et directrice de Road to Relief, Emma Igual.

L’ONG soutient que « Ruben et Johan ont été grièvement blessés par des éclats d’obus et des brûlures, mais se trouvent désormais dans des hôpitaux séparés, loin des lieux ». Quant au Canadien Anthony « Tonko » Ihnat, son décès a été confirmé peu après les faits. « Son corps a été récupéré », assure-t-on.

Initialement, le statut actuel d’Emma Igual était inconnu, mais le ministre espagnol des Affaires étrangères par intérim, José Manuel Albares, a confirmé dimanche avoir reçu une « confirmation verbale » de son décès.

Il voulait aider « sans relâche »

Âgé de 58 ans, M. Ihnat résidait en Ontario, près de Toronto. Selon plusieurs témoignages, dont celui de l’organisme Brave to Rebuild avec lequel il avait aussi collaboré, cet homme à tout faire avait vendu son camion en 2022 pour se rendre en Ukraine, avec l’objectif premier d’y soutenir la population locale. Il a alors travaillé pour divers groupes humanitaires.

« Il a aidé à transporter les bagages des personnes à la frontière polonaise, a facilité l’acheminement de l’aide humanitaire, participé aux évacuations et contribué à la reconstruction des écoles », a d’ailleurs rappelé Brave to Rebuild dimanche, en parlant d’un homme voulant aider « sans relâche ».

La ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a confirmé dimanche la mort de M. Ihnat, en promettant du même souffle que son équipe mènera une enquête pour bien comprendre ce qui s’est passé.

« Nous sommes de tout cœur avec la famille et les proches pendant cette période très difficile. Les autorités canadiennes sont en contact avec les autorités locales pour obtenir plus d’information et les agents consulaires fournissent une assistance consulaire à la famille », a aussi détaillé par courriel une porte-parole d’Affaires mondiales Canada, Geneviève Tremblay.

Road to Relief, de son côté, a précisé offrir son aide à l’armée et à la police pour résoudre « toutes les questions préoccupantes » dans ce dossier, en demandant à tous « d’être sensibles et respectueux envers tous les membres de la famille du défunt et les membres de l’équipe pendant cette période difficile ».

L’organisme a également rappelé dimanche que « l’équipe d’évaluation des besoins est souvent la première à se rendre dans les villages de première ligne pour clarifier la situation actuelle, et les efforts de l’équipe ont abouti à de nombreuses évacuations et à des livraisons d’aide cruciales au cours des 18 mois d’activité ».

Vingt-cinq drones abattus

Tout cela survient alors que les forces russes ont lancé 32 drones explosifs sur l’Ukraine, en majorité sur Kyiv, dans la nuit de samedi à dimanche, selon l’armée ukrainienne qui a affirmé avoir abattu 25 d’entre eux.

« La nuit dernière, les occupants ont attaqué l’Ukraine avec 32 drones kamikazes de type Shahed-136/131, dont 25 ont été détruits par les forces de défense aérienne ukrainiennes. Les occupants russes ont dirigé la plupart des drones d’attaque vers la région de Kyiv », a indiqué l’état-major ukrainien dans son point de situation de dimanche matin.

PHOTO GLEB GARANICH, REUTERS

Le chef de l’administration militaire de Kyiv, Serhiï Popko, a déclaré que des débris de drones de fabrication iranienne étaient tombés dans plusieurs quartiers de la ville et avaient blessé au moins un civil.

D’après l’administration militaire de Kyiv, un appartement a été endommagé par des chutes de débris, de même que des voitures et des câbles de trolleybus. Une personne a été blessée, mais sa vie n’est pas en danger, a-t-elle écrit sur Telegram.

Selon Serhiï Popko, chef de l’administration militaire de la capitale, des débris de drones abattus sont tombés sur les districts de Sviatoshynskyi, Podilskyi et Shevchenkivskyi. Des débris ont chuté sur un immeuble résidentiel du quartier de Shevchenkivskyi, dans le centre de Kyiv, sans faire de victime, mais causant un incendie qui a été éteint par les propriétaires, a indiqué M. Popko sur Telegram.

Dans le district de Sviatoshynskyi, situé dans l’ouest de la capitale, des débris ont provoqué un incendie dans le parc Sovky, un des jardins publics les plus connus de la ville, a indiqué sur Telegram le maire de Kyiv, Vitali Klitschko.

Au centre de Kyiv, dans le district de Podilskyi, des débris sont par ailleurs tombés sur un espace ouvert, et les médecins arrivés sur place ont pris en charge une personne atteinte d’une crise de « stress aigu », selon M. Klitschko. Toujours selon le maire, d’autres débris enflammés sont tombés sur une route dans le district central de Solomyanskyi.

Avec l’Agence France-Presse