(Kyiv) Plusieurs drones russes ont attaqué Kyiv dimanche à l’aube, selon les autorités ukrainiennes qui n’ont pas fait état de victime dans un premier temps.

Une journaliste de l’AFP à Kyiv a entendu une dizaine d’explosions dans la nuit.

Selon Serguiï Popko, chef de l’administration militaire de la capitale, des débris de drones abattus par la défense aérienne ukrainienne sont tombés sur les districts de Sviatoshynskyi, Podilskyi et Shevchenkivskyi.

Les autorités ukrainiennes n’ont pas immédiatement précisé si tous les drones avaient été abattus ou si certains avaient frappé directement la ville.

Des débris ont chuté sur un immeuble résidentiel du quartier de Shevchenkivskyi, dans le centre de Kyiv, sans faire de victime mais causant un incendie qui a été éteint par les propriétaires du bâtiment, a indiqué M. Popko sur Telegram.

Dans le district de Sviatoshynskyi, situé dans l’ouest de la capitale, des débris ont provoqué un incendie dans le parc Sovky, un des jardins publics les plus connus de la ville, a indiqué sur Telegram le maire de Kyiv, Vitali Klitschko.

Dans le district de Podilskyi, dans le centre de Kyiv, des débris sont tombés sur un espace ouvert et les médecins arrivés sur place ont pris en charge une personne atteinte d’une crise de « stress aigu », selon M. Klitschko.

Toujours selon le maire, d’autres débris enflammés sont tombés sur une route dans le district central de Solomyanskyi.

L’Agence de l’énergie atomique s’inquiète de la sécurité à la centrale de Zaporijia

L’organisme de surveillance atomique des Nations unies a mis en garde contre une menace pour la sécurité nucléaire, en raison d’une recrudescence des combats à proximité de la plus grande centrale nucléaire d’Europe en Ukraine.

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a déclaré que ses experts déployés à la centrale nucléaire de Zaporijia, occupée par la Russie, ont rapporté avoir entendu de nombreuses explosions au cours de la semaine dernière, ce qui pourrait indiquer une activité militaire accrue dans la région. La centrale n’a pas subi de dommages.

« Je reste profondément préoccupé par les possibles dangers auxquels la centrale est confrontée en cette période de tension militaire accrue dans la région », a averti le directeur général de l’AIEA, Rafael Mariano Grossi, dans un communiqué publié vendredi soir.

Il a indiqué que l’équipe de l’AIEA a été informée que le personnel de la centrale nucléaire avait été temporairement réduit au minimum en raison des craintes d’une intensification des activités militaires dans la région.

Quoi qu’il arrive dans une zone de conflit, où qu’elle se trouve, tout le monde risque d’être perdant en cas d’accident nucléaire, et j’insiste pour que toutes les précautions nécessaires soient prises pour éviter qu’un tel accident se produise.

Rafael Mariano Grossi, directeur général de l’AIEA

L’AIEA a exprimé à plusieurs reprises ses inquiétudes quant au risque de fuites radioactives provenant de l’installation, qui est l’une des dix plus grandes centrales nucléaires du monde. Les six réacteurs de la centrale sont à l’arrêt depuis des mois, mais elle a encore besoin d’énergie et de personnel qualifié pour faire fonctionner des systèmes de refroidissement cruciaux et d’autres dispositifs de sécurité.

Alors que les forces ukrainiennes s’efforçaient d’étendre leurs gains après avoir récemment capturé le village de Robotyne, dans la région de Zaporijia, le ministère de la Défense britannique a noté dans son dernier rapport que la Russie avait amené des renforts pour freiner les avancées ukrainiennes.

« Il est très probable que la Russie ait redéployé ses forces depuis d’autres zones de la ligne de front pour remplacer les unités autour de Robotyne, peut-on lire dans le communiqué. Ces redéploiements limitent probablement la capacité de la Russie à mener ses propres opérations offensives dans d’autres zones de la ligne de front. »

Sur le champ de bataille

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Un soldat ukrainien en mission de reconnaissance à Bakhmout le 7 septembre dernier.

Par ailleurs, samedi, les forces russes ont poursuivi leur offensive à travers l’Ukraine. Les autorités régionales de la région nord-est de Soumy, frontalière avec la Russie, ont indiqué que les derniers bombardements russes avaient fait quatre blessés, dont l’un est décédé plus tard à l’hôpital.

Le Kremlin a réaffirmé que la Russie ne prolongerait pas un accord historique permettant à l’Ukraine d’exporter des céréales en toute sécurité via la mer Noire tant que l’Occident ne répondrait pas pleinement aux exigences de Moscou concernant ses propres exportations agricoles.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a commenté les informations selon lesquelles les puissances occidentales discuteraient d’un accord qui permettrait à la banque agricole russe d’ouvrir une filiale qui serait reconnectée au système de paiement SWIFT et qui répondrait à d’autres demandes russes. Il a déclaré que Moscou s’attend à ce que l’Occident respecte les accords initiaux visant à faciliter les exportations agricoles russes, conclus en juillet 2022.

Il a ajouté que « parce qu’ils ont déjà fait beaucoup de promesses, nous nous considérons en droit et obligés d’attendre d’abord la mise en œuvre avant de reprendre l’accord ».

La Russie a refusé de prolonger l’accord en juillet, se plaignant qu’un accord parallèle promettant de supprimer les obstacles aux exportations russes de produits alimentaires et d’engrais n’avait pas été respecté. Le pays a déclaré que les restrictions sur le transport maritime et les assurances entravaient son commerce agricole, bien qu’il ait expédié des quantités record de blé depuis l’année dernière.

L’Ukraine et ses alliés occidentaux ont rejeté les demandes du Kremlin, les qualifiant de stratagèmes visant à promouvoir leurs propres intérêts.

Plus de 420 000 soldats russes

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Depuis un mois, la Russie utilise la péninsule ukrainienne de Crimée, qu’elle a annexée en 2014, pour « attaquer des infrastructures portuaires » dans le sud de l’Ukraine souvent par drones.

La Russie a déployé plus de 420 000 soldats dans les zones occupées dans l’est et le sud de l’Ukraine, a affirmé samedi un général du renseignement militaire ukrainien.

« La Fédération russe a concentré plus de 420 000 militaires dans nos territoires temporairement occupés dont la Crimée », a déclaré Vadym Skibitsky, chef adjoint du renseignement au sein du ministère ukrainien de la Défense lors d’une conférence.

Ce chiffre « n’inclut pas la Garde nationale russe et d’autres structures spéciales chargées de maintenir le pouvoir d’occupation sur nos territoires », a ajouté M. Skibitsky.

Depuis un mois, la Russie utilise la péninsule ukrainienne de Crimée, qu’elle a annexée en 2014, pour « attaquer des infrastructures portuaires » dans le sud de l’Ukraine, a-t-il affirmé.

« Des drones déployés en Crimée sont utilisés contre nos ports d’Izmaïl, de Reni » par lesquels des céréales ukrainiennes étaient acheminés par la mer Noire jusqu’à la sortie de Moscou d’un accord international en juillet, a détaillé le responsable.

La vice-ministre de la Défense Ganna Maliar a de son côté déclaré que les Russes aspiraient à recapturer les zones dans la région de Kharkiv (nord-est) libérées il y a un an par l’armée ukrainienne.

Des frappes ukrainiennes en Russie contre le complexe militaro-industriel

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Le chef du renseignement militaire ukrainien Kyrylo Boudanov

Les frappes ukrainiennes contre la Russie visent essentiellement des entreprises militaro-industrielles de ce pays, a affirmé samedi le chef du renseignement militaire ukrainien Kyrylo Boudanov.

Les attaques visent « avant tout des entreprises du complexe militaro-industriel russe », a-t-il déclaré lors d’une rare apparition publique pendant la conférence internationale Yalta European Strategy (YES) à Kyiv.

M. Boudanov a notamment dit qu’une usine russe fabriquant des puces électroniques pour des missiles Iskander, souvent utilisés par Moscou pour bombarder l’Ukraine, avait « récemment » été attaquée.

Des attaques de drones et actes de sabotage se sont multipliées en Russie ces derniers mois touchant Moscou et divers régions russes, parfois en profondeur du pays, Kyiv s’est de plus en plus souvent en revendiquant la responsabilité.

« Des explosions dans le pays agresseur dégrisent un peu la société, mais cela n’a pas encore d’effet massif, malheureusement pour nous », a-t-il estimé, tout en prédisant que ces attaques allaient à terme créer des « problèmes considérables » pour les Russes.

« C’est une question de temps », a relevé M. Boudanov.

« C’est important et c’est ce qui constitue la différence entre nous et les Russes : aucune personne civile n’a souffert, quoi qu’ils (les Russes) en disent », a-t-il par ailleurs affirmé.

Il a assuré que la contre-offensive ukrainienne, qui avance lentement après avoir début en juin, allait se poursuivre après la fin de l’été, plus propice aux mouvements de troupes.

« L’opération offensive va se poursuivre dans toutes les directions », a déclaré M. Boudanov. « Nous ne sommes pas en Afrique et nous n’avons pas vraiment de saison des pluies ».

Il a admis toutefois que le changement de saison pourrait avoir un impact « négatif » sur l’avancée de troupes ukrainiennes car « c’est plus difficile de faire la guerre dans le froid, dans l’humidité et dans la boue ».