(Paris) Une centaine de journaux médicaux à travers le monde, dont les plus prestigieux, ont lancé jeudi un rare appel commun à agir de manière urgente pour éliminer les armes nucléaires, jugeant la menace d’une catastrophe nucléaire « importante et grandissante ».  

Cet appel intervient après des menaces à peine voilées du président russe Vladimir Poutine sur un possible usage d’armes nucléaires en Ukraine, des essais répétés de missiles nord-coréens et le blocage d’initiatives pour la non-prolifération.  

« Le danger est important et grandissant », co-écrivent dans un éditorial les rédacteurs en chef de 11 revues médicales de premier plan, dont le BMJ, le Lancet, le JAMA et le New England Journal of Medicine.  

« Les États dotés d’armes nucléaires doivent éliminer leurs arsenaux nucléaires avant que ces derniers ne nous éliminent », souligne l’éditorial.  

« Le fait que toutes ces revues de premier plan se soient mises d’accord pour publier le même éditorial souligne l’urgence extrême de la crise nucléaire actuelle », a déclaré Chris Zielinski, de l’Association mondiale des éditeurs de presse médicale.  

Ce texte est publié la même semaine qu’une réunion, à Vienne, du comité préparatoire à un nouvel examen du Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP) de l’ONU, entré en vigueur en 1970.

Un nouvel examen – le 10e – de ce traité clé, en 2022, n’avait pas abouti à une déclaration commune et les États-Unis ont imputé cet échec à « l’obstructionnisme cynique » de la Russie.  

Dimanche marquera également le 68e anniversaire de la première utilisation de l’arme nucléaire contre des civils, lorsque les États-Unis ont lancé une bombe atomique au-dessus de la ville japonaise d’Hiroshima, le 6 août 1945.  

Toute utilisation d’arme nucléaire « serait catastrophique pour l’humanité », souligne l’éditorial.

« Même une guerre nucléaire “limitée” impliquant seulement 250 des 13 000 armes nucléaires dans le monde pourrait tuer 120 millions de personnes et provoquer une perturbation climatique mondiale conduisant à une famine nucléaire et à la mise en danger de deux milliards de personnes », selon ses auteurs.