Dans le monde, le quart des personnes juge toujours qu’il est acceptable qu’un homme batte sa femme. La moitié de la population mondiale pense que les hommes font de meilleurs dirigeants politiques que les femmes, tandis que plus de 40 % considèrent que les hommes font de meilleurs dirigeants d’entreprise.

Et cela, du seul fait qu’ils soient hommes ou femmes, sans égard à la compétence des uns ou des autres.

Ce sont là quelques-uns des constats d’une étude du Programme des Nations unies pour le développement, qui s’est penchée sur les préjugés des citoyens de 80 pays dans l’une ou l’autre de quatre dimensions clés.

Les gens des quatre coins du monde ont été invités à dire à quel point ils sont d’accord ou en désaccord avec une série d’affirmations.

Dans quelle mesure croient-ils en l’égalité des droits entre les hommes et les femmes en démocratie ? Les hommes font-ils de meilleurs leaders politiques, de meilleurs patrons ? La violence conjugale envers une femme, ça se justifie ?

La Nouvelle-Zélande est le pays présentant le plus petit pourcentage (27,39 %) de répondants ayant affiché des préjugés à l’égard des femmes, dans au moins l’une des catégories étudiées.

Suivent la Suède (27,91 %)*, le Royaume-Uni (29,60 %), les Pays-Bas (30,64 %), l’Australie (34,83 %) et l’Allemagne (37,45 %).

Les Canadiens font moins bien qu’eux : 41,4 % des personnes sondées ont répondu de façon telle qu’ils ont été classés comme ayant des préjugés à l’égard des femmes dans au moins une catégorie, alors que c’est le cas de 50,22 % des Américains.

Consultez le rapport de l’Indice des normes sociales de genre (en anglais)

Le sexisme toujours bien présent

Les pays où les préjugés sont les plus communs (dans la population, s’entend) ? Le Nigéria, la Libye, la Malaisie, la Birmanie, l’Indonésie, le Pakistan et l’Égypte ont tous plus de 99 % de leurs répondants affichant des préjugés dans au moins une catégorie. (Notons que l’Afghanistan, où les droits des femmes sont largement niés par le régime au pouvoir, n’a pas fait partie de l’étude.)

PHOTO AHMED HASAN, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Un groupe de jeunes femmes pose pour une photo au Caire, en Égypte, un des pays où les préjugés à l’égard des femmes sont les plus communs.

« Les normes sociales qui limitent les droits des femmes sont également préjudiciables à la société dans son ensemble, freinant les progrès du développement humain, fait observer Pedro Conceição, directeur du Bureau du rapport sur le développement humain des Nations unies. […] Tout le monde y gagnera quand la liberté et le pouvoir des femmes sont garantis. »

Le fait que les Néo-Zélandais apparaissent comme étant les moins sexistes pour la période étudiée (de 2017 à 2022) est digne d’intérêt, dans la mesure où ce pays a été dirigé par une première ministre, Jacinda Ardern, pendant cette période.

Or, les auteurs de l’enquête font observer que de plus en plus de recherches tendent à montrer que le fait d’avoir une femme à la tête d’un pays contribue à faire baisser les préjugés contre les femmes. « Mais les leaders féminines sont souvent observées à travers la lorgnette de leur genre plutôt que d’être jugées en fonction de leur seule performance. »

Les femmes, elles aussi sexistes envers les femmes

Fait à noter, les préjugés contre les femmes ne viennent pas seulement d’hommes.

Dans toutes les catégories de préjugés – en politique, en éducation, dans le monde économique et en matière d’intégrité physique –, les hommes sont certes plus sexistes, mais les femmes le sont aussi beaucoup, peut-on constater à la lecture du document.

Par exemple, dans les 80 pays pris en compte dans cette étude, 65,1 % des hommes avaient des perceptions sexistes à l’égard des femmes en politique. C’est aussi le cas de 57,3 % des femmes.

Une inégalité préjudiciable à toute la société

« Les préjugés se reflètent également dans la grave sous-représentation des femmes aux postes de direction, peut-on lire dans l’étude. En moyenne, la part des femmes chefs d’État ou de gouvernement a stagné autour de 10 % depuis 1995 et, sur le marché du travail, les femmes occupent moins d’un tiers des postes de direction. »

Les femmes sont plus qualifiées et instruites que jamais, font remarquer les auteurs, « mais, y compris dans les 59 pays où les femmes sont désormais plus instruites que les hommes, l’écart de revenu moyen entre les genres atteint des niveaux surprenants, jusqu’à 39 % en faveur des hommes ».

Les gouvernements ont un rôle crucial à jouer dans l’évolution des normes sociales relatives à l’égalité des genres, indique le rapport.

Il donne pour exemple les congés parentaux qui ont changé les perceptions des responsabilités liés aux soins des enfants. On souligne aussi les réformes du marché du travail qui ont fait évoluer certaines fausses perceptions par rapport aux femmes en emploi.

À noter que pour les pays mentionnés ici, les données utilisées sont celles de la période 2017-2022, sauf la Suède, pour laquelle il est question de 2010-2014. L’enquête s’est appuyée sur les banques de données internationales du World Values Survey, un institut de recherche qui s’intéresse aux valeurs sociales, politiques, économiques, religieuses et culturelles.

En savoir plus
  • 86,5 %
    Proportion des hommes sondés étant classés comme ayant des préjugés envers les femmes dans au moins une catégorie
    Source : Breaking Down Gender Biases (période 2017-2022), Programme des Nations Unies pour le développement
  • 83 %
    Proportion des femmes sondées étant classées comme ayant des préjugés envers les femmes dans au moins une catégorie
    Source : Breaking Down Gender Biases (période 2017-2022), Programme des Nations Unies pour le développement