Capturé en 1967, McCain a passé les années les plus coûteuses et meurtrières de la guerre loin des champs de riz de l'Indochine et du monde extérieur. Durant ces années, McCain n'a pas partagé le désillusionnement ou les déchirements moraux de soldats comme Kerry, Webb et Hagel, qui étaient incapables de reconnaître leurs ennemis dans la confusion de la jungle; il n'a jamais vécu la transformation qui a poussé un Kerry à jeter quelques-unes de ses médailles pendant une manifestation contre la guerre. S'il éprouvait de la colère, elle n'était pas dirigée vers ses propres supérieurs à Washington mais vers ses geôliers.

Un peu plus loin, Bai cite l'ancien sénateur démocrate Max Cleland, un autre vétéran du Vietnam et ami de McCain :

«J'ai déjà vu ce film, et je sais comment il finit. Avec des milliers de morts et des dizaines de milliers de blessés, pour une cause que personne ne sera capable de justifier dans quelques années. Dans la mesure où mon ami John McCain endosse cette politique, il compromet les intérêts à long terme des États-Unis et probablement sa propre élection cet automne.»

Comme l'écrit Matt Bai, McCain admet que la guerre en Irak est vouée à l'échec si le public américain ne devient pas convaincu que le conflit peut être gagné et qu'il en vaut la peine.