Il y a un an, l'effondrement de Lehman Brothers précipitait une crise financière dont les répercussions allaient être mondiales. Un an plus tard, Wall Street s'est relevée grâce aux centaines de milliards de dollars d'aide gouvernementale. Mais a-t-elle changé ses façons d'agir? Pas pour la peine, conclut le New York Times dans cet article publié aujourd'hui à la une. Les banquiers continuent à prendre des risques excessifs, sachant que le gouvernement sera là pour les sortir d'impasse, selon plusieurs experts. Et le Congrès n'a pas encore adopté les mesures qui empêcheraient la réédition de la crise.

L'article du Times contient une donnée qui illustre bien la situation : selon les prédictions d'un analyste de JP Morgan, les quelque 141 000 employés engagés dans les activités de courtage des huit plus grandes banques américaines et européennes devraient toucher 77 milliards de dollars en 2011, soit une moyenne de 543 000$ par employé, pas loin du sommet atteint en 2007.

Lundi, Barak Obama prononcera un discours à New York, où il réitérera sa détermination à légiférer cette année sur la réforme de la régulation financière. Mais le Congrès fait du surplace dans ce dossier, et même les partisans d'une réforme ne sont pas optimistes. On se souviendra que la crise avait joué un rôle important dans l'élection d'Obama. Son adversaire républicain, John McCain, avait peut-être mis fin à ses chances en faisant cette déclaration inopportune au lendemain du dépôt du bilan de Lehman Brothers :

«Les élément fondamentaux de l'économie sont solides.»

P.S. : Après avoir longtemps pensé le contraire, le chroniqueur Joe Nocera estime aujourd'hui que le gouvernement a eu raison de ne pas secourir Lehman Brothers. La crise financière aurait été encore plus dévastatrice si le secretaire du Trésor Henry Paulson et le président de la Fed, Ben Bernanke, avaient tenté de l'éviter momentanément en sauvant Lehman, écrit-il ici.

(Photo AP)