Depuis 1976, l'amendement Hyde, du nom d'un représentant républicain, interdit au gouvernement fédéral, via son programme Medicaid pour les personnes les plus démunies, de couvrir les procédures d'avortement. Cette interdiction devait être incorporée dans les projets de loi de la Chambre des représentants et du Sénat sur la réforme du système de santé.

Or l'amendement Hyde ne va pas assez loin aux yeux de l'Église catholique américaine et de quelque 40 représentants démocrates conservateurs qui ont menacé de voter contre le projet de loi de la Chambre si l'amendemant Stupak, du nom du représentant démocrate du Michigan Bart Stupak, n'était pas ajouté au texte de loi. Ce qui fut fait samedi, au grand dam des défenseurs du droit des femmes à l'avortement, qui estiment qu'il s'agit du plus grand revers pour le droit des femmes depuis des décennies. L'animatrice de MSNBC Rachel Maddow a présenté hier soir un excellent résumé de la situation (voir la vidéo ci-dessus). Son topo permet également de comprendre la colère de plusieurs Américaines depuis samedi.

L'amendement Stupak interdirait aux femmes les moins fortunées qui recevraient des subventions fédérales dans le cadre de la réforme de la santé de souscrire à une assurance privée couvrant les procédures d'avortement, ce que font plusieurs assureurs privés. Comme ceux-ci ne voudraient pas tourner le dos à un nouveau marché lucratif, ils cesseraient tout simplement de couvrir les frais liés à l'avortement, selon les critiques de l'amendement Stupak.

Pas moins de 41 représentants démocrates ont envoyé hier une lettre à la présidente de la Chambre, Nancy Pelosi, menaçant de voter contre la version finale du projet de loi sur la réforme de la santé si l'amendement Stupak s'y trouve encore. Ils ont obtenu l'appui de Barack Obama, qui a confié à ABC News hier que le statu quo, c'est-à-dire l'amendement Hyde, suffisait. Le hic, c'est que des sénateurs démocrates conservateurs songent à adopter leur version de l'amendement Stupak.

La question de l'avortement finira-t-elle par torpiller la réforme de la santé? Question étrange à soulever à une époque où les démocrates dominent à la Maison-Blanche, au Sénat et à la Chambre des représentants.