Dix neuf ans après avoir formulé contre son ancien supérieur hiérarchique des accusations de harcèlement sexuel qui avaient failli faire dérailler sa confirmation à la Cour suprême des États-Unis, Anita Hill a reçu un drôle de message sur son répondeur l'autre jour. C'était Virginia Thomas, la femme de Clarence Thomas, qui lui demandait de présenter des excuses à son mari, un des juges les plus conservateurs de la plus haute instance américaine.

Je traduis le message de Thomas déposé dans la boîte vocale de Hill à 7h31 le samedi 9 octobre :

«Bonjour Anita Hill, ici Ginni Thomas. Je voulais simplement prendre contact à travers les ondes et les années et vous demander de réfléchir à quelque chose, J'aimerais que vous songiez à des excuses à un moment donné et à une explication du pourquoi vous avez fait ce que vous avez fait avec mon mari. Donc, pensez-y. Et priez à ce sujet et espérez qu'un jour vous nous aiderez à comprendre pourquoi vous avez fait ce que vous avez fait. O.K., passez une bonne journée.»

Lors d'un témoignage télévisé devant un comité du Sénat qui avait monopolisé l'attention des Américains, Hill avait fourni les détails les plus explicites sur le traitement que lui aurait réservé le futur juge de la Cour suprême. Non content de l'avoir bombardée de propositions, celui-ci aurait raconté à sa subalterne par le menu des films pornographiques, se serait vanté de la taille de son pénis, de ses prouesses sexuelles, etc. Lors de son audition, Thomas avait nié toutes les allégations de Hill, se disant victime d'un «lynchage high-tech pour Noir présomptueux».

Comme on peut le lire dans cet article du New York Times, Hill, qui enseigne aujourd'hui le droit à l'université de Brandeis, n'a pas l'intention de s'excuser, maintenant sa version des faits. Elle a remis l'enregistrement du message de Virginia Thomas aux responsables de la sécurité de l'université, qui l'a refilé au FBI.

Avant son message à Hill, Virginia Thomas avait retenu l'attention en formant Liberty Central, un groupe associé au Tea Party, accusant Barack Obama et ses alliés démocrates de tyrannie.

(Photos AP)