C'est l'une des questions que soulève le New York Times dans cet article où à peu près tous les scénarios envisageables concernant l'affaire DSK sont évoqués. À son retour devant un juge de New York, Dominique Strauss-Kahn devrait plaider non coupable ce matin aux sept chefs d'accusation retenus contre lui, dont agressions sexuelles, tentative de viol et séquestration, à l'encontre d'une femme de chambre du Sofitel de New York.

Mais, comme l'explique le Times, une peine négociée avant le début du procès n'est pas impossible si l'ex-patron du FMI accepte de passer un certain temps derrière les barreaux. Une entente où l'accusé plaiderait coupable à des faits moins graves que ceux qu'on lui reproche en échange d'une libération conditionnelle est peu probable.

Le quotidien new-yorkais évoque aussi la possibilité que la plaignante se rétracte, un scénario qui serait probablement dévastateur pour le procureur de New York, Cyrus Vance. Pour le moment, la femme de chambre semble déterminée à ce que justice soit faite.

Le Times soulève une autre question que les avocats de DSK ne manqueraient sûrement pas d'aborder dans le cadre d'un procès : comment un homme désarmé, dont le physique n'est pas particulièrement imposant, peut-il forcer une femme à lui faire une fellation?

Le quotidien français Le Monde publie de son côté un dossier sur l'affaire DSK, expliquant notamment les subtilités de la justice à l'américaine qui pourraient avantager l'accusé. Un extrait :

D'abord, seul le procureur a la charge de la preuve : la défense n'a rien à faire qu'à instiller le doute. Ensuite, il doit fournir des preuves suffisamment intangibles pour convaincre les douze jurés, à l'unanimité, que l'accusé est coupable "beyond a reasonnable doubt" ("au-delà du doute raisonnable"). Le jury n'est pas requis de trancher entre coupable et innocent, mais seulement entre coupable et non coupable.

La culpabilité est donc plus difficile à établir qu'en France, où c'est au contraire l'intime conviction qui est demandée aux jurés, et seulement à la majorité. Dans ses Douze hommes en colère, avec Henry Fonda, le réalisateur Sidney Lumet a mis en scène cette puissance du doute lors d'un délibéré à huis clos : le doute raisonnable revendiqué par un seul juré suffit à ce que la condamnation ne puisse être prononcée. Ensuite, soit il finit par retourner tous les autres, comme au cinéma ; soit les jurés se déclarent partagés et un nouveau procès doit s'engager ; soit le juge négocie une peine.

(Photo AFP)