«C'est le genre de critiques dont on s'attendrait de la part du président Obama et de ses alliés de gauche à Moveon.org», a déclaré une porte-parole de Mitt Romney, selon cet article du New York Times.

De quoi parle-t-on? D'un documentaire de 28 minutes intitulé King Of Bain : When Mitt Romney Came to Town dont un Super PAC* appuyant Newt Gingrich s'est porté acquéreur récemment et qui servira à une campagne publicitaire visant à dépeindre l'ancien fondateur de Bain Capital et favori de la course à l'investiture républicaine pour la présidence comme un prédateur capitaliste de la pire espèce.

Le film, dont la bande-annonce coiffe ce billet, a été produit par Barry Bennett, ex-conseiller d'un Super Pac appuyant Rick Perry. Il donne la parole à des gens qui ont perdu leurs emplois dans des compagnies rachetées et revendues par la société d'investissement fondé par l'ancien gouverneur du Massachusetts. Ces entrevues sont accompagnées d'images de la maison de Romney en Californie (évaluée à 12 millions de dollars) et de clips dans lequel celui-ci parle en français ou affirme que les «corporations sont des personnes».

Dans une des entrevues, un vétéran du Vietnam déclare :

«Qui suis-je? Je suis Bob Safford. Mitt Romney et ces gars-là, ils se balancent de qui je suis.»

Le film a été offert aux Super PAC appuyant les campagnes de Rick Perry et Jon Huntsman, qui ont refusé de l'acheter. Le Super PAC appuyant Newt Gingrich a cependant décidé de l'acquérir dans l'espoir de freiner l'élan de Mitt Romney, qui se targue d'être un créateur d'emplois. Appelé Winning our Future, ce Super PAC a reçu 5 millions de dollars du magnat des casinos Sheldon Adelson. Cet argent devrait servir à financer la diffusion en Caroline du Sud de pubs tirées du documentaire.

Rick Tyler, un des conseillers du Super PAC pro-Gingrich, a expliqué ainsi au New York Times cette campagne inattendue de la part de républicains soi-disant conservateurs et capitalistes :

«Je suis un capitaliste, je suis un conservateur. J'ai passé beaucoup de temps à défendre la libre entreprise d'un point de vue biblique. (Mais si ce que fait Bain Capital participe de la libre entreprise), alors les conservateurs devraient s'en dissocier. Mitt Romney était engagé dans la destruction planifiée de la libre entreprise.»

Gingrich a lui-même exploité ce thème dimanche au New Hampshire, affirmant que le travail de Bain Capital est comparable à celui de «gens riches qui trouvent des façons légales et futées de détrousser une compagnie».

Cette campagne n'arrêtera peut-être pas la marche de Romney vers l'investiture républicaine pour la présidence mais elle pourrait affaiblir le candidat du GOP et donner des munitions aux stratèges démocrates pour leur lutte à venir contre lui.

* L'hebdomadaire français L'Express a publié récemment cet article sur les Super PAC dont je cite un extrait :

Le super PAC, c'est le nom d'une nouvelle arme qui fait des ravages depuis le début de la campagne présidentielle. Derrière cet acronyme (Political Action Committee) se cachent des organisations qui peuvent récolter et dépenser un montant illimité de fonds pour soutenir un candidat. Les donateurs sont aussi bien des milliardaires que des entreprises ou des groupes d'intérêt, comme les syndicats, qui ont pour but très clair d'influencer directement le vote.

C'est la grande nouveauté de ces élections. Selon la loi, un donateur peut verser 2 500 dollars maximum à un candidat lors des primaires et 2 500 de nouveau lors des élections. Mais il y a deux ans, la Cour suprême a statué sur le financement des campagnes et a permis ainsi l'émergence de ces super PAC qui ne sont pas soumis aux mêmes règles.