L'Orlando Sentinel a publié hier deux scoops concernant Trayvon Martin, cet adolescent de 17 ans abattu le 26 février en Floride par George Zimmerman, un citoyen-patrouilleur.

Selon le quotidien, Zimmerman a déclaré à la police qu'il retournait vers son véhicule lorsque Martin lui a adressé la parole avant de le terrasser d'un coup de poing et de monter sur lui pour lui cogner le visage contre le trottoir à plusieurs reprises. Selon la police de Sanford, plusieurs témoins ont corroboré une bonne partie de ce récit.

Zimmerman, qui a invoqué la légitime défense pour justifier sa décision d'ouvrir le feu, a précisé que Martin avait également tenté de s'emparer de son arme.

L'Orlando Sentinel a en outre profité d'une fuite non autorisée pour révéler la raison pour laquelle Trayvon Martin avait été suspendu pour dix jours par son école : un sachet vide de marijuana avait été retrouvé en sa possession. Après ce scoop, Sybrina Fulton, la mère de l'adolescent, a déclaré : «Ils ont tué mon fils, et maintenant ils essaient de tuer sa réputation.»

Aux yeux des défenseurs de Trayvon Martin, la diffusion de l'information sur sa suspension fait partie d'une campagne de dénigrement ayant pour but de dépeindre l'adolescent non pas comme la victime d'une injustice ou du racisme mais comme un gangster en herbe qui méritait ce qui lui est arrivé.

L'animateur de Fox News Geraldo Rivera aurait contribué à cette campagne en affirmant que Martin ne serait probablement pas mort s'il n'avait pas porté une capuche le soir du drame. Plusieurs commentateurs conservateurs, dont le blogueur Don Riehl, ont par ailleurs fait état d'une phrase publiée sur la page Facebook de l'adolescent ("damn were you at nigga needa plant") pour laisser entendre que celui-ci était un revendeur de drogue. Ce même Riehl a également publié sur son blogue une fausse photo de Martin brandissant ses majeurs. Et le site conservateur Daily Caller a publié hier des gazouillis de Martin publiés sous le pseudo @No_Limmit_Nigga qui laissent entendre que celui-ci n'était pas un enfant de choeur (il se vante notamment d'arriver souvent en retard à l'école).

Pourquoi se livrerait-on à une telle campagne de dénigrement contre la victime d'une tragédie? La journaliste de Daily Beast Michelle Goldberg propose une réponse dans cet article dont je cite un extrait :

«Si vous ne voulez pas croire que le racisme est un problème aux États-Unis, il est préférable de croire que Martin a eu ce qu'il méritait. Et ce, même si les seules preuves que vous avez sont une suspension de l'école, une trace infime de marijuana et les gazouillis juvéniles d'un enfant qui tente d'être cool.»

Rappelons que Zimmerman avait été averti de ne pas pourchasser Martin après avoir signalé sa présence «suspecte» lors d'un appel 911.