Les circonstances étaient idéales, comme le souligne le journaliste Chris Cillizza dans ce billet : le 3 mai, Donald Trump s'était assuré la victoire dans la course à l'investiture républicaine; les sondages le plaçaient à égalité avec Hillary Clinton ou en avance; le Parti républicain semblait s'unifier autour de sa candidature à la présidence.

Or, pendant le mois de mai, Trump n'aura amassé que 3,1 millions de dollars pour sa campagne. Après avoir payé ses dépenses électorales, dont 423 000$ pour l'utilisation de SA propriété de Mar-a-Lago à des fins politiques, il n'avait plus que 1,3 million en banque au début de juin, soit moins que plusieurs candidats à la Chambre des représentants!

Pendant la même période, Hillary Clinton a récolté 28 millions de dollars tout en luttant farouchement contre Bernie Sanders, montant qui lui a permis de commencer le mois de juin avec 42 millions de dollars en banque.

Ces données ont été fournies hier soir par les deux candidats présidentiels à la Federal Election Commission. Elles ajouteront, du côté républicain, à l'inquiétude concernant la campagne de Donald Trump. Ce dernier, rappelons-le, n'a pas encore dépensé un sou pour répondre au blitz publicitaire de Clinton et de ses alliés dans plusieurs États clés, et ce, pendant une période où les candidats tentent de rafraîchir ou redorer leur image auprès de l'ensemble de l'électorat et de cimenter les aspects négatifs de leurs adversaires.

Bien sûr, Trump n'est pas un candidat traditionnel. Il génère beaucoup de publicité gratuite. Mais plusieurs stratèges républicains estiment néanmoins qu'il est en train de donner la présidence à Clinton en pensant pouvoir poursuivre le même type de campagne qui lui a permis de remporter l'investiture du GOP. Dans une certaine mesure, Trump leur a donné raison hier en congédiant son directeur de campagne.

Mais le problème d'argent de Trump n'est peut-être pas que passager. Durant la course à l'investiture républicaine, il s'est vanté de financer lui-même sa campagne. Cette vantardise, qui ne lui a encore rien coûté - il n'a pas donné mais prêté 45,7 millions de dollars à sa campagne -, n'incite sûrement pas les bailleurs de fonds à l'aider, à plus forte raison s'ils sont sceptiques quant à ses chances de l'emporter.

La possibilité que Trump finisse par puiser vraiment dans sa fortune pour financer sa campagne suscite par ailleurs de plus en plus de doute. L'homme ne dispose peut-être pas des liquidités requises pour une entreprise de cette envergure (on parle de plusieurs centaines de millions de dollars). Ou il n'est peut-être pas aussi riche qu'il le prétend.