Une semaine après la défaite d'Hillary Clinton, la réflexion autour de cette question ne fait que commencer. Mais elle aura une incidence immédiate sur la sélection du prochain président du Comité national du Parti démocrate et sur l'élection du chef de la minorité démocrate à la Chambre des représentants.

Des démocrates parlent déjà de la nécessité de faire le ménage à la tête du parti et de repenser la façon dont celui-ci s'adresse aux électeurs. Un militant de Caroline-du-Sud définit ainsi la situation dans une interview au journal Politico :

«Nous avons commencé à perdre le contact avec les électeurs blancs. Ils sont encore la majorité, et nous ne pouvons prétendre être un parti rassembleur si nous ne sommes pas en contact avec les électeurs de la classe ouvrière, qu'ils soient noirs, blancs, bleus ou rouges. Quand vous avez Nancy Pelosi, Hillary Clinton, Chuck Schumer, pour défendre votre message, vous avez un problème. Le temps est venu de brasser les cartes et de proposer quelques jeunes personnes avec des feuilles de route différentes. Le temps est venu pour un changement de leadership.»

Ce sentiment est peut-être partagé par certains membres du groupe démocrate à la Chambre des représentants. Ceux-ci devaient participer aujourd'hui avec leurs collègues à la réélection de Nancy Pelosi et des autres membres de l'état-major démocrate à la Chambre. Ce vote a été reporté à la fin du mois. Pelosi risque-t-elle de perdre son poste, qu'elle occupe depuis 14 ans? Elle n'a pas d'adversaire au moment d'écrire ces lignes. Mais une contestation de son leadership est peut-être en préparation.

L'autre course à suivre est celle qui mènera à l'élection d'un nouveau président du Comité national du Parti démocrate. Le représentant du Minnesota Keith Ellison, partisan de Bernie Sanders, fait partie des candidats, de même que l'ancien gouverneur du Vermont Howard Dean.

Un populisme de gauche, plus soucieux de questions économiques que culturelles, peut-il servir de réponse au populisme de droite incarné par Donald Trump? Le militant de Caroline-du-Sud déjà cité ne semble pas le croire, s'inquiétant notamment du message qu'enverrait le Parti démocrate en choisissant le favori de la course à la chefferie du parti, Ellison, un Afro-Américain de confession musulmane.

«La réaction impulsive serait problématique : mettre quelqu'un en position de pouvoir seulement parce qu'il représente tout ce à quoi Donald Trump s'oppose», a-t-il dit.

Mais un autre démocrate a offert cette réplique à ce genre de réflexion : «Nous ne pouvons pas remettre en question des décennies de progrès à cause d'une élection.»

À noter que les démocrates doivent remonter une énorme pente non seulement à Washington, où les républicains sont désormais maîtres de la Maison-Blanche et du Congrès, mais également au niveau des États, où ils dominent 37 des 50 législatures.

P.S. : Le groupe républicain, qui menaçait de se révolter, a finir par réélire à l'unanimité Paul Ryan à la présidence de la Chambre des représentants, cet après-midi.