«Vous allez vous retrouver avec d'excellents soins de santé pour une fraction du prix. Et cela entrera en vigueur immédiatement.»

Le 19 février 2016, Donald Trump formulait cette promesse électorale à titre de candidat à l'investiture républicaine pour la présidence américaine. Il aura rompu au moins la moitié de cette promesse, ayant été incapable de présenter un plan pour remplacer l'Obamacare sur lequel les élus de son propre parti s'entendent.

Et s'il ne jette pas au rebut le projet de loi proposé la semaine dernière par le président de la Chambre des représentants Paul Ryan, il brisera l'autre moitié de sa promesse. C'est du moins ce que conclut le Bureau du budget du Congrès dans une analyse dévastatrice publiée cet après-midi.

Selon cet organisme non partisan, 14 millions d'Américains perdront leur couverture-santé en 2018, 21 millions en 2020 et 24 millions d'ici dix ans si le plan de Ryan est adopté par les deux chambres du Congrès. Une partie importante de cette réduction découlerait de l'élimination du volet de l'Obamacare permettant aux Américains moins fortunés d'obtenir une couverture par le biais du programme Medicaid.

Entre 20 et 22 millions d'Américains ont obtenu une couverture-santé pour la première fois grâce à l'Obamacare.

L'élimination de l'obligation faite aux Américains de souscrire à une assurance-maladie sous peine d'une amende contribuerait par ailleurs à faire grimper les primes d'assurance de 15% à 20% au cours des deux prochaines années pour ceux qui achètent leur police d'un assureur privé. De façon générale, les personnes plus âgées, qui ont eu tendance à voter davantage pour Trump, paieront plus que les jeunes, comme on peut le lire dans ce compte-rendu du Washington Post.

Un exemple tiré de l'analyse du Bureau du budget du Congrès : un Américain de 64 ans gagnant 26 500$ paierait 1 700$ par année pour s'assurer en 2026 selon les règles en vigueur actuellement. Selon les règles proposées par Ryan, la même personne devrait débourser 14 600$. Incroyable, mais vrai.

Les conservateurs purs et durs pourront se réjouir d'au moins une conclusion du Bureau du budget du Congrès. Selon l'analyse de cet organisme, le plan Ryan permettrait au gouvernement d'économiser 337 milliards de dollars sur dix ans.

Quant à Ryan, il se réjouit en outre de la «liberté» dont les Américains pourront désormais jouir en n'étant plus obligés de souscrire à une assurance-maladie. Le mot «liberté» revient souvent dans son discours pour faire la promotion de son projet de loi.

Mais plusieurs des perdants du plan Ryan font partie des électeurs qui ont voté pour Trump en croyant qu'il allait tenir sa promesse sur la question de la santé. Que vaudrait pour eux la «liberté» dont se gargarise Ryan?

À noter que la Maison-Blanche et plusieurs républicains du Congrès ont tenté de mettre en cause l'intégrité ou l'efficacité du travail du Bureau du budget du Congrès au cours des derniers jours. À une autre époque, cependant, Trump était le premier à utiliser les données de cet organisme pour critiquer Obama quand l'occasion se présentait.