Les négociations en vue de conclure une entente au sommet du G20 ont mal démarré hier, à Séoul: les représentants des États membres sont sortis divisés d'une réunion de 14 heures qui visait à s'entendre sur la teneur du communiqué final.

Les réunions entre leaders, en ce cinquième sommet depuis le début de la crise économique, ne débuteront que ce soir, avec un dîner de travail, mais déjà, les tensions sur les questions des déficits commerciaux et sur les taux de change se font sentir.

«Nous avons dû ouvrir les portes parce que le débat était si animé que la pièce s'est réchauffée», a déclaré le porte-parole du G20, Kim Yoon Kyung, au sujet des discussions préparatoires entre une quarantaine de représentants des pays industrialisés et émergents.

Les États ne sont pas parvenus à s'entendre sur la proposition des États-Unis, qui voudraient plafonner les surplus et les déficits des comptes courants. La Chine et l'Allemagne, qui ont toutes deux de vastes surplus commerciaux, s'y opposent.

Les États-Unis, qui ont imprimé 600 milliards de dollars la semaine dernière pour acheter des bons du Trésor, ont reçu de nouvelles critiques. Selon certains observateurs, ce geste mine la crédibilité des Américains, qui insistent depuis longtemps pour que les Chinois cessent de dévaluer leur monnaie afin de favoriser leurs exportations.

Hier, ces critiques ont repris de plus belle et une agence de crédit chinoise a fait descendre la cote de crédit des États-Unis au motif que la solvabilité du géant est «sur le point de s'écrouler».

Lettre d'Obama

C'est dans cette atmosphère que plusieurs leaders, dont Barack Obama et Stephen Harper, ont fait leur arrivée à Séoul, hier.

Dans une lettre ouverte, le président Obama a tenté de calmer le jeu. Il a appelé tous les pays à faire leur part pour assurer une reprise économique équilibrée. Il a de plus défendu la décision de la Banque centrale américaine (la Fed) d'injecter des liquidités dans son économie et plaidé pour la limitation de la dévaluation compétitive des monnaies.

«Une économie forte qui crée des emplois, des revenus et des dépenses est la contribution la plus importante que les États-Unis puissent faire à la reprise mondiale», a dit le président Obama.

Le premier ministre Stephen Harper, pour sa part, est arrivé à Séoul hier soir en compagnie de sa femme, Laureen Harper. Il s'est rendu hier à la cérémonie du Souvenir au monument commémoratif de la guerre de Corée, avec d'autres chefs d'État. Des rencontres bilatérales avec ses homologues du Mexique, de l'Australie et de l'Argentine étaient aussi à l'ordre du jour.

Engagements non tenus

Par ailleurs, M. Harper a été accueilli en sol coréen par une nouvelle étude qui révèle que les membres du G20 n'ont respecté que médiocrement 10 engagements prioritaires pris lors du précédent sommet, à Toronto.

Le sommet de juin s'était soldé par des critiques quant au manque d'engagements concrets, notamment dans le secteur financier. La proposition principale, promue par le Canada, visait une réduction de moitié du déficit respectif des États d'ici à 2013 et la diminution de leur endettement global à partir de 2016.

Or, le groupe des 20 n'a respecté ses 10 objectifs principaux qu'à hauteur de 64%, concluent les groupes de recherche sur le G20 du Munk School de l'Université de Toronto et de l'école supérieure d'économie de l'Université d'État de Moscou. Ces groupes s'étaient penchés sur la réglementation financière, la lutte contre la corruption, les mesures macroéconomiques et la réforme des institutions financières internationales.

La bonne nouvelle pour le Canada, c'est que non seulement les engagements pris lors de sa présidence ont été un peu mieux respectés que ceux des sommets précédents, à Londres et à Pittsburgh, mais qu'il se classe également premier, avec un taux de conformité de 89%. Il est suivi de près par le Royaume-Uni, à 84%, et par l'Australie, à 82%.

L'Inde arrive dernière avec 40%. Elle est devancée par la Turquie et l'Afrique du Sud, ex aequo à 43%.

D'aucuns, comme le président français, Nicolas Sarkozy, considéraient le sommet de Toronto comme une réunion préparatoire en vue de celui de Séoul.

Avec Reuters, le New York Times, le People Daily et le Shanghai Daily