La junte au pouvoir en Guinée a accusé dimanche des militaires d'avoir tenté un «coup d'État», jeudi, en tentant d'assassiner le capitaine Moussa Dadis Camara, toujours hospitalisé au Maroc mais dont l'état de santé n'inspire «pas d'inquiétude», selon l'armée marocaine.

Dimanche dans la journée, la foule se pressait au marché aux poissons et des femmes faisaient leur lessive au bord des rues, comme à l'ordinaire, à quelques centaines de mètres du camp Koundara où la tentative d'assassinat avait eu lieu.

Mais, peu avant 22H00 (locale et GMT), «quelques coups de feu» ont été entendus dans ce camp, selon des témoins. «Quelqu'un a tiré là-bas, l'intéressé a été arrêté, c'est réglé», a affirmé à l'AFP un officier, sans plus de précisions. Selon une source au sein d'un autre camp militaire, il s'agissait de simples «tirs en l'air, des tirs de sommation».

Le chef de la junte, blessé à la tête quand son aide de camp lui a tiré dessus, a été opéré à Rabat d'un «traumatisme crânien», ont affirmé dimanche les services de santé des Forces armées royales marocaines, dans leur communiqué, assurant que son état de santé n'inspirait «pas d'inquiétude».

De son côté, le ministre guinéen des Affaires étrangères, Alexandre Cécé Loua a affirmé, depuis Rabat, à la télévision d'État: «le chef de l'État se porte bien» et «dans les deux ou trois jours qui viennent, il pourrait éventuellement adresser un petit message à la Nation».

Aucune date n'a toutefois été annoncée concernant son retour à Conakry.

Le numéro 3 de la junte, le ministre de la Défense Sékouba Konaté, assure à présent la «coordination» par intérim des activités de la junte et du gouvernement.

Selon la thèse officielle, il y a eu jeudi «tentative de coup d'État».

L'aide de camp du chef de la junte, Aboubacar Sidiki Diakité, dit Toumba, est accusé d'avoir tendu «un piège» au chef de la junte, en le faisant venir au camp militaire Koundara, dans le but de le tuer et de «prendre le pouvoir».

«Ils ont commencé presque tout de suite à tirer. Un des gardes du corps s'est jeté pour protéger le président, ils l'ont tué (...) et le chauffeur aussi est mort», a déclaré le porte-parole du chef de la junte, Idrissa Chérif.

Selon sa version, le capitaine Dadis Camara a «fait le mort» et Toumba a alors «annoncé au talkie walkie: on a tué le président, le pouvoir est dans ma main, je suis le nouvel homme fort du pays».

De son côté, Toumba avait déclaré samedi à l'AFP par téléphone: «Je suis en lieu sûr. J'ai une bonne partie des hommes avec moi. Je suis en Guinée, libre de mes mouvements». Mais il avait refusé d'évoquer le déroulement des faits.

Au journal du soir de la télévision d'État, le commentateur a longuement développé l'idée d'un «complot orchestré» pour «plonger la Guinée dans le chaos et justifier ainsi l'intervention de troupes étrangères». Toumba a été présenté comme le «bras armé» d'une coalition d'opposition «appuyée sur l'étranger».

Depuis Paris, l'opposant Cellou Dalein Diallo a contesté cette thèse de la tentative de coup d'État, à laquelle il ne croit «pas du tout».

«Je pense que c'est un règlement de compte entre deux personnes qui étaient complices, mais qui se sont brouillées», a déclaré à l'AFP ce leader de l'opposition, qui avait été roué de coups par des militaires au moment du massacre d'opposants, le 28 septembre, et s'est réfugié depuis à Paris.

Durant le week-end, les «forces vives» de Guinée (partis d'opposition, syndicats, société civile) ont réaffirmé que le départ du pouvoir des militaires et du gouvernement était «une impérieuse nécessité».