L'Érythrée a condamné jeudi le refus du Canada d'octroyer un visa au ministre érythréen des Affaires étrangères Osman Saleh Mohammed en raison de sa participation passée à la guerre d'indépendance de son pays contre l'Éthiopie voisine.

L'ambassade du Canada à Nairobi a refusé récemment d'autoriser le chef de la diplomatie érythréenne à se rendre au Canada pour y rencontrer ses concitoyens vivant dans ce pays d'Amérique du Nord, déclare son ministère dans un communiqué.

«Cette décision est difficile à comprendre. Le gouvernement d'Érythrée condamne fermement cet acte hostile et demande expressément aux autorités canadiennes de rectifier cette conduite scandaleuse», poursuit-il.

Asmara, qui entretient des relations diplomatiques tendues avec la plupart des pays occidentaux en raison de la situation des droits de l'homme en Érythrée, s'en prend notamment aux raisons invoquées par les autorités de l'immigration canadiennes.

Le ministère publie ainsi la lettre de l'ambassade du Canada qui évoque, comme motif de son refus, la participation d'Osman Saleh Mohammed à la guerre d'indépendance de 1961-1991.

«Vous étiez membre du Front populaire de libération de l'Érythrée (FPLE) entre 1979 et 1991. Le FPLE était un mouvement engagé dans la subversion d'un gouvernement par la force», peut-on lire dans cette lettre.

«La jurisprudence de la justice fédérale canadienne confirme que l'appartenance à un groupe qui tente de renverser un gouvernement, même despotique, suffit à justifier une inadmissibilité» sur le territoire canadien, poursuit l'ambassade.

Le FPLE a combattu le régime du dictateur éthiopien Hailé Mengistu Mariam, renversé en 1991.

Plusieurs pays occidentaux n'ont pas retiré de leurs listes noires d'anciens opposants ou rebelles africains, dont certains sont pourtant au pouvoir et entretiennent des relations diplomatiques avec ces mêmes États.

Ainsi, les parlementaires américains n'ont retiré qu'en juin de la liste noire de leurs services d'immigration l'ex-président sud-africain Nelson Mandela et son parti, le Congrès national africain (ANC) au pouvoir à Pretoria.