Le président américain George W. Bush a demandé mercredi que les troupes russes présentes en Géorgie se retirent tandis que l'Union européenne se déclarait prête à envoyer des hommes pour surveiller l'application du plan de paix conclu la veille entre Moscou et Tbilissi.

Signe de sa volonté de reprendre l'initiative diplomatique, M. Bush a annoncé qu'il envoyait la secrétaire d'État Condoleezza Rice en France pour des entretiens avec le président Nicolas Sarkozy puis à Tbilissi, pour «parvenir à un règlement pacifique de ce conflit».

A Bruxelles, les ministres européens des Affaires étrangères se sont dits prêts à envoyer des hommes en Géorgie pour surveiller l'application du plan négocié par la présidence française de l'Union européenne.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a pour sa part réaffirmé son «soutien pour une solution fondée sur un plein respect de l'intégrité territoriale et de la souveraineté de la Géorgie».

Alors que le plan de paix prévoit le retrait de l'essentiel des forces russes et géorgiennes, M. Bush a de nouveau appelé la Russie à respecter sa promesse de cesser ses opérations militaires, mentionnant des informations «contredisant» les affirmations de Moscou.

«Nous attendons de la Russie qu'elle respecte ses engagements de cesser toutes ses actions militaires et nous attendons de toutes les forces russes qui ont pénétré en Géorgie ces derniers jours qu'elles se retirent de ce pays», a-t-il dit.

Et M. Bush a prévenu Moscou que le soutien des États-Unis à l'entrée de la Russie «dans les structures diplomatiques, politiques, économiques et sécuritaires du 21e siècle» était «menacée» par ses agissements en Géorgie.

«Pour commencer à réparer les dommages infligés à ses relations avec les États-Unis, l'Europe et d'autres pays, et pour commencer à restaurer son rang dans le monde, la Russie doit tenir sa promesse et agir pour mettre un terme à cette crise», a-t-il conclu.

La Maison-Blanche a toutefois démenti que les relations entre la Russie et les États-Unis soient à la «confrontation», ajoutant que leurs liens étaient «complexes et compliqués».

Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne ont «exhorté» les parties du conflit en Géorgie «à respecter l'ensemble des engagements, à commencer par un cessez-le-feu effectif», dont l'application pourrait être surveillée par une présence européenne.

«Nous avons la volonté d'être des surveillants, des contrôleurs» de l'accord de paix sur place, a déclaré le ministre français Bernard Kouchner.

Les ministres ont chargé la Commission européenne et le diplomate en chef de l'UE Javier Solana de travailler en vue de faire des propositions concrètes sur la forme précise de cette présence.

Les avis entre pays de l'UE sont plus divergents concernant l'avenir des relations avec la Russie.

L'attitude «agressive» de Moscou en Géorgie «a choqué beaucoup de monde», a ainsi déclaré le chef de la diplomatie britannique, David Miliband, alors que son homologue allemand, Frank-Walter Steinmeier, estimait qu'il ne fallait pas perdre de temps à «des condamnations» unilatérales.

Quant à la chancelière Angela Merkel, qui va se rendre la semaine prochaine à Tbilissi, elle juge «totalement inacceptable» que puisse être «mise en doute la légitimité du gouvernement démocratiquement élu de la Géorgie».

Les présidents de Pologne, Lituanie, Estonie ainsi que le premier ministre de Lettonie ont eux critiqué, dans une déclaration commune, le plan de paix de Nicolas Sarkozy, affirmant qu'il ne mentionnait pas le droit à l'intégrité territoriale de la Géorgie.

La présidence ukrainienne a pour sa part imposé par décret des restrictions sur les mouvements de la flotte russe de la mer Noire basée en Ukraine et qui est engagée dans le conflit armé entre la Russie et la Géorgie.

Londres a également décidé d'annuler, comme les États-Unis mardi, des manoeuvres navales conjointes «très inopportunes» avec la Russie, qui devaient se tenir du 15 au 22 août dans la mer du Japon.

L'OTAN a convoqué une réunion spéciale mardi prochain, notamment «pour consulter ses partenaires sur les conséquences des actions militaires russes en Géorgie», selon la mission américaine auprès de l'organisation.