Les forces de sécurité indiennes ont lancé des grenades lacrymogènes et tenté de disperser dimanche à coups de bâtons les manifestants qui défilaient au Jammu-et-Cachemire, quelques heures après l'imposition d'un couvre-feu indéfini dans les régions à majorité musulmane de l'État.

Le couvre-feu a été imposé à l'aube sur toute la Vallée du Cachemire alors qu'une grève générale à l'appel des partis séparatistes paralysait Srinagar, suivant les plus importantes manifestations depuis dix ans contre l'autorité de New Delhi au Cachemire indien, qui connaît un regain de crise depuis deux mois: Elles avaient rassemblé 270 000 personnes vendredi.

Des milliers de soldats et policiers patrouillaient dimanche les rues désertes de Srinagar, la plus grande ville de l'Etat, la police ayant averti que des mesures «radicales» seraient prises contre les contrevenants au couvre-feu et que l'armée avait été appelée en renforts.

Des milliers de personnes sont cependant descendues dans la rue à Handwara, 65 km au nord de Srinagar, scandant des slogans pro-indépendance et accusant les forces gouvernementales d'avoir vandalisée le Coran. Les forces de l'ordre ont arrêté les manifestants, mais on ne faisait pas état de blessés dans un premier temps. A Srinagar, les minarets des mosquées diffusaient des appels à défier le couvre-feu, et des chants réclamant «la liberté».

Selon le président de l'association des photographes de presse du Cachemire, au moins dix journalistes dehors malgré le couvre-feu ont été passés à tabac par les forces de l'ordre, trois d'entre eux ayant été hospitalisés.

Le couvre-feu ne s'applique pas aux zones extérieures à la Vallée et où vivent de nombreux hindous, restées calmes ces deux derniers jours.

Les partis séparatistes musulmans, qui veulent que le Cachemire, ancien royaume himalayen aujourd'hui divisé entre l'Inde et le Pakistan, fasse sécession de la fédération indienne, ont appelé à un sit-in de protestation à Srinagar lundi.

La tension entre hindous, minoritaires dans l'État du Jammu-et-Cachemire, et musulmans, est à son comble depuis deux mois, après une querelle autour d'un lieu de pèlerinage hindou qui a fait au moins 34 morts et relancé les appels des séparatistes.