Le voyage de Benoît XVI en Australie qui s'achève lundi matin a confirmé l'importance accordée par l'Église catholique aux jeunes, qui se retrouveront en 2011 à Madrid, et donné lieu à des excuses historiques du pape pour les abus sexuels commis par des prêtres.

Benoît XVI, âgé de 81 ans, a entrepris le plus long et le plus lointain voyage de son pontificat pour présider à Sydney les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) qui ont attiré sur l'île-continent 125 000 délégués de 187 pays.

À l'issue de la messe de clôture célébrée dimanche devant plus de 300 000 fidèles, le pape a annoncé que la prochaine édition de cette rencontre planétaire de la nouvelle génération catholique aura lieu en Espagne dans trois ans.

Le concept des JMJ dont Jean Paul II avait eu l'idée en 1986 est aujourd'hui complètement assumé par le pape actuel, au départ réticent, mais conscient du rôle fédérateur de cette manifestation à la fois festive et spirituelle et de l'image positive qu'elle donne de l'Église.

«Les JMJ sont devenues un point de référence de l'Église actuelle», a commenté le cardinal George Pell, archevêque de Sydney.

Le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, a estimé que «ceux qui décrivaient les JMJ comme un 'one-man show' de Jean Paul II feraient bien de réviser leur jugement».

Le choix de Madrid pour succéder à Sydney n'est pas anodin: l'Eglise catholique espagnole autrefois toute-puissante est confrontée à la laïcisation rapide de la société dans un climat tendu entre l'épiscopat et le gouvernement socialiste de José Luis Zapatero.

L'Église australienne, minoritaire (27%) dans un pays de culture protestante et anglicane gagné lui aussi par une forte sécularisation des moeurs, attendait beaucoup de ces JMJ de Sydney.

Malgré une participation moins importante qu'espéré à la messe de clôture, (officiellement 350 000 à 400 000 personnes au lieu des 500 000 escomptées) ses représentants se sont félicités de l'accueil cordial reçu dans la métropole hyperactive et festive, capitale de la communauté homosexuelle de la région Asie-Pacifique.

Une manifestation de militants hostiles à la morale sexuelle professée par l'Église catholique a cependant ressemblé quelques centaines de personnes samedi.

La venue du pape a aussi mobilisé les associations de défense des victimes de prêtres pédophiles insatisfaites de la façon dont l'Église australienne a géré le dossier.

Benoît XVI a accompli un pas supplémentaire dans la prise en compte des souffrances provoquées par ces comportements en faisant des excuses publiques.

Lors de son voyage aux États-Unis en avril il avait déjà exprimé sa «honte» et celle de toute l'Église pour ce drame qui a gravement compromis la réputation de l'Église catholique dans plusieurs pays.

Des victimes australiennes ont cependant jugé les excuses du pape insuffisantes. «Il n'y a rien de concret», a déclaré Antony Foster, le père de deux jeunes filles abusées par un prêtre de Melbourne.

La presse australienne a consacré dimanche une large place aux excuses de Benoît XVI tout en consacrant une énorme couverture à ses rencontres avec les jeunes du monde entier.

Le porte-parole du Vatican Federico Lombardi, a mis l'accent sur «le ton positif, constructif», «sans polémiques» adopté par le pape dans ses homélies.

«L'Église a besoin de votre foi, de votre idéalisme et de votre générosité» dans un monde menacé par le «désert spirituel», a déclaré le pape aux jeunes dimanche.

Le père Lombardi a aussi reconnu la différence de personnalité entre Benoît XVI, «ancien professeur d'université» et celle de Jean Paul II qui avait marqué les JMJ de sa spontanéité jusqu'à celles de Toronto en 2002.

Les jeunes pèlerins de Sydney ont réservé à Benoît XVI un accueil chaleureux mais sans l'enthousiasme frôlant l'hystérie que provoquaient les apparitions de Jean Paul II.