Le ministre japonais de l'Environnement a dû s'excuser platement mardi après avoir estimé qu'il suffirait de donner de l'argent aux gens de la région de Fukushima pour qu'ils acceptent le stockage de déchets radioactifs.

Pour Nobuteru Ishihara, les autorités locales de cette zone dévastée par l'accident nucléaire de mars 2011 seraient prêtes à construire des aires de stockage pour peu qu'on leur fasse miroiter un avantage financier.

Le gouverneur de Fukushima, Yuhei Sato, est immédiatement monté au créneau pour juger cette sortie «extrêmement regrettable» et «heurtant les sentiments de tous les habitants qui languissent de retourner chez eux».

Depuis l'accident à la centrale nucléaire et les évacuations qui ont suivi, des dizaines de milliers de personnes ne peuvent toujours pas retourner chez elles.

Le prédécesseur de M. Ishihara, Goshi Hosono, un député du Parti démocratique du Japon aujourd'hui dans l'opposition, a appelé à la démission du ministre, jugeant que cette référence à l'argent «n'aurait jamais dû être faite».

Tout en s'excusant platement devant la presse, le ministre responsable de la reconstruction de cette région dévastée par le tsunami du 11 mars 2011 et la catastrophe nucléaire a indiqué qu'il allait toutefois continuer à explorer des voies en vue d'une solution à l'entreposage de ces déchets, y compris par le biais de compensations.

Depuis des mois, le gouvernement central japonais négocie avec les gouvernements locaux de la région pour construire des aires de stockage «temporaires».

Le mur de glace plus compliqué que prévu

La compagnie gérante de la centrale accidentée de Fukushima a reconnu mardi que la technologie de mur de glace qu'elle veut employer pour stopper les courants d'eau souterraine autour des réacteurs ne prenait pas dans le premier pan dressé entre un réacteur et la mer.

Avant même de se lancer dans la construction d'un rempart de glace souterrain de 1,5 kilomètre tout autour des quatre réacteurs accidentés, la compagnie Tokyo Electric Power (TEPCO) est en train d'employer la même technologie au pied du réacteur 2 pour stopper les fuites d'eau contaminée vers la mer depuis des tranchées souterraines.

Le pan de mur construit avec des tuyaux verticaux emplis d'un liquide réfrigérant pour congeler le sol ne prend pas comme prévu, bien que les opérations aient commencé il y a maintenant un mois et demi.

«Nous ne parvenons pas à faire baisser partout la température de l'eau pour qu'elle se transforme en glace», a expliqué un porte-parole de TEPCO.

Outre des déchets solides qui feraient obstacle, le courant empêcherait la prise du mur.

«Nous sommes en retard sur le calendrier, mais prenons des dispositions supplémentaires», a-t-il insisté. TEPCO cherche notamment comment mieux contrôler les flux et augmente le nombre de tuyaux pour favoriser la glaciation.

Des experts extérieurs avaient d'emblée souligné la difficulté de mise en oeuvre de cette technologie, arguant notamment que la longueur du mur prévu risquait de constituer un vrai défi technique.

L'eau contaminée dont le volume augmente chaque jour représente un des plus gros problèmes qu'aient à gérer TEPCO et les autorités.

Plus d'un millier de gigantesques réservoirs de stockage plus ou moins fiables ont déjà été installés sur le site et un système de décontamination est censé nettoyer les centaines de milliers de mètres cubes de liquide souillé, mais il est régulièrement en panne et ne parvient pas à suivre le rythme.