L'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) prépare aujourd'hui à Montréal sa riposte au projet européen de réglementation de la pollution des avions de ligne.

Vivement critiqué par la plupart des partenaires commerciaux de l'Europe, le projet a été mis en suspens, le temps qu'un groupe de travail de l'OACI, dont le Canada fait partie, accouche d'un projet de réglementation global. L'aviation civile est responsable de 2% de toutes les émissions de gaz à effet de serre de la planète, mais n'est pas couverte par les traités internationaux sur le climat.

En entrevue avec La Presse, Raymond Benjamin, secrétaire général de l'OACI, s'est montré satisfait du recul de l'Europe dans le dossier. «La Commission européenne s'est obstinée à dire que son système est le bon et qu'ils l'ont adopté parce que l'OACI n'a pas fait son travail, a-t-il dit. Je suis très encouragé qu'ils aient fait une pause.»

Plusieurs rencontres à venir

La première réunion du groupe de travail, formé de représentants de 17 pays, a commencé hier au siège de l'OACI et se termine aujourd'hui. D'autres rencontres sont prévues en vue de l'adoption du projet par l'assemblée générale de l'organisme, en septembre 2013.

Selon l'agence Reuters, les États-Unis y ont délégué deux proches conseillers du président Barack Obama, soit Todd Stern, émissaire américain des questions climatiques, ainsi que Michael Froman, conseiller économique en chef de la Maison-Blanche.

Questionné hier à ce sujet, Transports Canada n'a pas pu préciser qui représentait le Canada à la table.

Les crédits de carbone comme solution?

Le groupe de travail doit accoucher d'un plan global de réduction des émissions de gaz à effet de serre qui s'appliquerait à l'ensemble du transport aérien.

Selon les paramètres actuellement envisagés, ce plan reposerait en quasi-totalité sur l'achat de crédits de carbone provenant d'autres secteurs économiques.

L'industrie explore entre autres l'utilisation de biocarburant pour remplacer en tout ou en partie le kérosène.

Le plan européen devait forcer les compagnies aériennes à participer au marché européen du carbone, ce qui a notamment été critiqué par les États-Unis et plusieurs pays asiatiques.

«La directive européenne suscite la désapprobation du monde entier, dit M. Benjamin. Par exemple, ils veulent imposer le calcul des gaz à effet de serre sur l'ensemble du trajet, même si une très petite portion survole l'Europe.»

M. Benjamin assure que l'OACI est loin de se croiser les bras dans le dossier du climat.

«Nous avons déjà des objectifs, dont celui d'être carboneutre en 2020, par l'achat de crédits carbone et d'autres moyens, dit-il. On veut réduire les émissions de 2% par année en dépit de l'augmentation du trafic.»