La conférence internationale sur les mondes polaires qui se déroule actuellement à Montréal a beau être scientifique, la géopolitique y est très présente.

> Sur le web: le site du Conseil de l'Arctique

L'Arctique est un enjeu global et de plus en plus de pays s'en rendent compte.

« Ce n'est pas surprenant que la Chine et l'Union européenne frappent à la porte du Conseil de l'Arctique », affirme Aqqaluk Lynge, président de la Conseil circumpolaire inuit, qui fédère 165 000 personnes.  

M. Lynge représente les Inuits au Conseil de l'Arctique. Cette organisation internationale fondée en 1996 au Canada attire de plus en plus l'attention des décideurs politiques.

En mai dernier, au Groenland, Hillary Clinton a été la première secrétaire d'État à participer à une rencontre de l'organisation. Hier, le ministre des Affaires autochtones et du Développement du Nord canadien, John Duncan, a affirmé que le Canada devait aider le Conseil polaire à devenir plus visible et influent.

David J. Hayes, secrétaire adjoint au département de l'Intérieur des États-Unis, a prononcé le premier discours de la journée ce matin, en soulignant qu'il appuyait le Conseil de l'Arctique qui a adopté l'approche écosystémique pour la gestion des ressources arctiques. Cette approche fait primer les données environnementales sur les frontières politiques.

Responsable des affaires autochtones, du Service géologique et de l'Agence atmosphérique et océanique (NOAA), l'Intérieur est le ministère américain qui a le plus d'impact sur le terrain dans l'Arctique et qui peut le mieux témoigner des signes des changements climatiques, a souligné M. Hayes.

« Les questions scientifiques sur l'Arctique ne sont pas théoriques, dit-il. Nous savons tous que les paysages et les systèmes polaires se transforment de façon incroyablement rapide à cause des changements climatiques. Nous avons besoin de la science pour répondre aux questions difficiles et nous avons besoin des bonnes réponses. Mais la science, ce n'est pas tout. Nous devons trouver un moyen de transmettre cette science aux décideurs politiques. »

La veille, sa collègue Jane Lubchenco, secrétaire adjointe au Commerce, s'est désolée du manque de diffusion de la science dans son pays. « Les données scientifiques comme celles qui sont présentées ici ne sont pas suffisamment et connues, en particulier chez certains électeurs dans mon pays », a-t-elle dit.

Il y a au moins un pays dont les oreilles sont grandes ouvertes: la Chine. Hier, Huigen Yang, le directeur général de l'Institut chinois de recherche polaire, a fait rapport des importantes ressources scientifiques que la Chine consacre aux deux pôles.  

Il s'est fait poser une question qui lui semblait gênante: est-ce que la Chine convoite les ressources polaires? Il a fallu reposer la question quatre fois en anglais et finalement la traduire en chinois.  La réponse: « L'Arctique, ce n'est pas notre terre, mais nous nous intéressons à la collaboration dans l'Arctique. »

On le sait, pour d'autres pays moins puissants, les pôles se sont révélés une véritable menace. « Aux Seychelles, on ne peut pas être plus éloigné des deux pôles, a affirmé Ronald Jean Jumeau, ambassadeur des Seychelles aux Nations unies. Mais plus votre glace fond, plus notre monde est englouti. Ce qui se passe aux pôles ne reste pas aux pôles! »