Si les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère continuent à augmenter, les tropiques et la majeure partie de l'hémisphère nord risquent de connaître de façon systématique des étés caniculaires dans les 20 à 60 ans à venir, avertit une étude.

«D'après nos projections, de grandes régions du globe vont probablement se réchauffer tellement vite que, d'ici le milieu de ce siècle, même les étés les plus frais seront plus chauds que les étés les plus chauds jamais enregistrés au cours des 50 dernières années», résume Noah Diffenbaugh, l'auteur principal de cette étude menée par l'Université américaine de Stanford.

«Lorsque les scientifiques parlent de réchauffement climatique provoquant plus fréquemment des canicules, les gens demandent souvent si ces températures plus chaudes vont devenir +la nouvelle norme+», relève le Pr Diffenbaugh dans un communiqué publié par son université.

«Ça nous a conduits à nous poser la question suivante: à partir de quand peut-on s'attendre à ce que les températures saisonnières les plus fraîches soient systématiquement plus chaudes que les records historiques de chaleur pour cette saison», explique-t-il.

Noah Diffenbaugh et ses collègues ont donc analysé plus d'une cinquantaine de modélisations climatiques. Des simulations portant sur le 21e siècle et l'augmentation attendue de la concentration atmosphérique en gaz à effet de serre (GES) mais aussi des modélisations du 20e siècle qui prévoyaient avec précision les températures mondiales enregistrées au cours des 50 dernières années.

Résultat: une grande partie de notre planète pourrait subir une hausse irréversible des températures d'ici 2070.

Les chercheurs ont ensuite analysé les données historiques collectées par les stations météo du monde entier pour déterminer si ce réchauffement attendu avait déjà débuté.

«Il s'avère que ces températures extrêmes commencent déjà à émerger, et que les modèles climatiques collent remarquablement bien aux évolutions historiques», assure le Pr Diffenbaugh.

Modélisations climatiques et relevés météo s'accordent sur le fait que ce sont les régions tropicales qui se réchauffent le plus rapidement. Selon l'étude, jusqu'à 70% des saisons du début du 21e siècle (2010-2039) dépasseraient les maximums de la fin du 20e siècle.

De larges portions de l'Amérique du Nord, de la Chine et de l'Europe méditerranéenne connaîtraient une évolution similaire, selon l'étude.

Une perspective d'autant plus alarmante pour Noah Diffenbaugh que cette étude, à paraître dans la revue scientifique Climatic Change Letters, est fondée sur des scénarios d'émissions de GES relativement prudents.