L'Union européenne a exigé samedi des engagements environnementaux clairs de la part des pays en développement avant de leur promettre en échange une aide financière, cherchant à afficher sa fermeté à l'approche des négociations de Copenhague sur le climat.

Les ministres européens de l'Environnement étaient réunis vendredi et samedi dans la station de montagne de Aare (centre de la Suède) pour peaufiner leur stratégie, à quatre mois et demi de l'échéance cruciale de la conférence internationale.Une étape de consultation avant un sommet des chefs d'Etat fin octobre, qui mettra entre les mains des Suédois un programme de négociation clair au nom de l'UE.

«Nous aurons un plein mandat en octobre, mais en fonction de l'état des négociations (internationales) nous pourrions avoir des raisons d'attendre pour annoncer des chiffres», a averti le ministre suédois de l'Environnement, Andreas Carlgren, au cours de la conférence de presse de clôture.

L'aide à fournir aux pays pauvres -pour un développement économique peu polluant et une adaptation aux conséquences désastreuses du changement climatique- est l'un des grands enjeux des négociations de Copenhague, qui doivent déboucher sur un accord global au-delà de 2012.

«Nous payons pour quelque chose. Nous devons voir en échange des contributions justes mises sur la table» de la part des pays en développement, a insisté M. Carlgren.

La promesse des Européens de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 30% d'ici à 2020 (par rapport à 1990) en cas d'accord international, est l'autre levier de pression de l'UE.

En cas d'échec, les Européens se contenteront d'une réduction de 20%, soit le plus gros effort affiché au niveau mondial.

«Il faut attendre un peu, il n'est pas très habile de mettre tous ses as sur la table quand vous jouez au poker», admet le secrétaire d'Etat allemand à l'Environnement, Matthias Machnig, qui trouve néanmoins encore plus risqué de dévoiler son jeu à la dernière minute.

«On ne peut pas attendre la veille au soir de Copenhague pour trouver un accord» financier, juge aussi son homologue britannique Ed Miliband, favorable à une décision pendant le sommet européen.

«Je ne crois pas à l'annonce d'un chiffre dès octobre», estime le ministre de l'Environnement autrichien, Nikolaus Berlakovich, qui mise lui sur la veille de la conférence (7 au 18 décembre).

Bruxelles a préconisé une participation de l'UE de l'ordre de 30 milliards d'euros. Il s'agira d'une aide «à deux chiffres», selon l'Allemagne.

Reste que les Européens doivent mener en parallèle un autre débat financier non moins délicat.

Leurs objectifs ambitieux en matière de réductions de CO2 doivent encore faire l'objet de tractations sur la façon de répartir l'effort entre eux.

«Cela sera décidé avant Copenhague», assure le commissaire européen à l'Environnement, Stavros Dimas.

Ces marchandages à venir entre Européens pourraient surtout être du plus mauvais effet, au moment où l'UE se positionne comme un modèle climatique dans le monde.

«La discussion sur la répartition des charges financières au sein l'UE doit être renvoyée après Copenhague, pour éviter que des pays comme la Pologne ne paralysent la capacité de négociation sur la scène internationale», préconise une délégation.

«Le paquet climat-énergie européen a entraîné une hausse immédiate de la facture énergétique du consommateur polonais», explique le ministre français de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo. «Si maintenant on passe de 20% à 30%, le coût pour la Pologne devient prohibitif sans un mécanisme de solidarité», note-t-il.

«Nous écoutons», a glissé le ministre polonais Maciej Nowicki, muet à Aare.