Il manque 79 mégatonnes pour que le Canada atteigne sa cible de réduction des gaz à effet de serre (GES) en 2030, malgré les politiques déjà adoptées par le fédéral et les provinces, selon les projections du ministère de l'Environnement et du Changement climatique.

Les fonctionnaires croient qu'il serait toutefois possible de l'atteindre si davantage de conducteurs se dotent de voitures électriques et si l'offre de transport en commun est améliorée.

« On est clair qu'on va atteindre notre cible et nous avons beaucoup de mesures (pour lesquelles) on n'a pas encore la modélisation », a affirmé la ministre fédérale de l'Environnement, Catherine McKenna.

Le Canada a pour objectif de réduire ses émissions de dioxyde de carbone à 513 millions de tonnes par année d'ici 2030. En 2016, dernière année pour laquelle des données sont disponibles, le Canada en a émis 704 millions de tonnes. La modélisation informatique suggère que, d'ici 2030, le pays atteindra 592 millions de tonnes si toutes les mesures actuellement prévues par le Canada sont appliquées, telles que la taxe sur le carbone, les normes relatives aux carburants propres, l'amélioration de l'efficacité énergétique des bâtiments et la fermeture des centrales au charbon.

Les fonctionnaires estiment que les 79 mégatonnes manquantes pour atteindre cet objectif proviendraient d'un usage accru du transport en commun, du développement des technologies propres et des mesures additionnelles que les provinces et les territoires pourraient mettre en oeuvre.

« C'est les investissements que nous faisons dans le transport en commun, c'est l'annonce qu'on a faite pour s'attaquer à la pollution du plastique, c'est les investissements que nous faisons dans le secteur des technologies vertes, les innovations que nous savons que nous allons avoir », a énuméré Mme McKenna.

La contribution du Québec par l'entremise de sa bourse sur le carbone serait de 13 mégatonnes. L'industrie pétrolière, qui produit une quantité importante de GES, devra réduire ses émissions de 47 mégatonnes à l'échelle du pays.

« On voit que d'année en année, le gouvernement s'éloigne de plus en plus de sa cible, a souligné le porte-parole de Greenpeace Canada, Patrick Bonin. Il a un plan et le plan ne permet pas d'atteindre cette cible-là. »

L'organisme dénonce l'incohérence du gouvernement Trudeau qui a annoncé mardi 1,6 milliard pour venir en aide à l'industrie pétrolière de l'Alberta, alors qu'il faudrait plutôt plafonner les émissions issues de ce secteur pour réduire suffisamment les émissions de GES.

Carburants propres et autres

Le bureau de la ministre a par ailleurs publié des détails sur certains programmes destinés à faire la différence. Ceux-ci incluent le projet de règlement sur une norme relative aux carburants propres, qui obligera les carburants liquides tels que l'essence et le diesel à brûler 11 % plus proprement d'ici 2030. Cette mesure à elle seule contribuera à réduire de 23 millions de tonnes les émissions, selon le gouvernement.

Le porte-parole conservateur en matière d'environnement, Ed Fast, a déclaré que cette norme était une autre façon pour le gouvernement de tuer l'industrie pétrolière canadienne. Il a dit que, tout comme le prix du carbone, la norme sur les carburants propres augmenterait le coût de tout.

Pour sa part, Énergie propre Canada a indiqué que ses recherches démontraient que cette mesure pouvait générer 5,6 milliards par an de croissance économique et créer 31 000 emplois dans la construction, l'approvisionnement et l'exploitation de nouvelles installations de production de carburants propres.

De nouvelles normes pour les combustibles solides et gazeux seront introduites ultérieurement, avec l'objectif de réduire d'au moins sept millions de tonnes leurs émissions d'ici 2030.

La ministre McKenna a dévoilé jeudi les détails de la bourse du carbone qui sera imposée dès le 1er janvier 2019 au secteur industriel des provinces qui n'ont pas de plan de réduction des GES ou dont le plan est jugé insuffisant par le gouvernement fédéral, soit l'Ontario, le Nouveau-Brunswick, le Manitoba et la Saskatchewan. Cette nouvelle mesure s'ajoute à la taxe fédérale sur le carbone dans ces provinces. Bien qu'elle ait sa propre taxe sur l'essence, l'Île-du-Prince-Édouard y participera aussi. Le Québec, qui a son propre système de réduction des GES, ne sera pas touché.

Le système de tarification du carbone pour les grandes industries laissera plus de marge de manoeuvre aux producteurs de produits pétrochimiques, de chaux et de ciment en raison des pressions concurrentielles auxquelles ils sont confrontés au niveau international.