Le réchauffement climatique pourrait multiplier au moins par 10 les zones océaniques à l'oxygénation déficiente, préjudiciables à la vie des poissons et des crustacés, estiment des chercheurs danois dans une étude à paraître en ligne lundi dans la revue Nature Geoscience.

L'augmentation des températures provoquée par les émissions de gaz à effet de serre accélérerait la désoxygénation de vastes zones des océans, ce qui «accroîtrait la fréquence et la sévérité de phénomènes de grande mortalité de poissons et de crustacés, comme par exemple au large des côtes de l'Orégon (Etats-Unis) ou du Chili», souligne le principal auteur de l'étude, Gary Shaffer, de l'Université de Copenhague.

Les chercheurs ont modélisé les effets du réchauffement induit par les gaz à effet de serre pour les 100.000 ans à venir et ont trouvé qu'une augmentation de la température produirait une perte d'oxygène dans les eaux de surface des océans en diminuant la solubilité de ce gaz dans l'eau salée.

Or, ajoute Gary Shaffer dans un communiqué, «si l'on peut éventuellement faire revivre des zones côtières en contrôlant les rejets d'engrais, les zones en manque d'oxygène du fait du réchauffement planétaire le resteront pour des milliers d'années, affectant négativement les pêches et les écosystèmes pendant très longtemps», a-t-il ajouté.

Par ailleurs, si une augmentation des températures devait restreindre la circulation planétaire des océans, comme le suggèrent des modélisations réalisées par les chercheurs, «ces zones mal oxygénées s'étendraient encore en surface, et même en profondeur». Les eaux oxygénées proches de la surface seraient en effet entraînées vers les très grands fonds.

Les chercheurs en concluent que «des réductions substantielles doivent être faites par les futures générations dans l'utilisation de fuel fossile si l'on veut éviter une sérieuse baisse de l'oxygénation des océans pour des milliers d'années».

De tels phénomènes de perte d'oxygène des océans seraient historiquement à l'origine de grandes extinctions, comme à la fin du Permien, il y a 250 millions d'années.