Le Pérou, qui accueille les négociations internationales sur le climat dans deux semaines, est également l'un des pays les plus dangereux pour les militants écologistes: 57 d'entre eux y ont été tués depuis 2002, selon le rapport d'une ONG publié lundi.

«Au moins 57 défenseurs de l'environnement ont été tués au Pérou depuis 2002, plus de 60% d'entre eux au cours des quatre dernières années», dénonce l'organisation Global Witness, basée à Londres.

Ce rapport «remet en question les engagements du Pérou à protéger ses forêts et les communautés qui y vivent», poursuit Global Witness qui fustige «l'exploitation forestière illégale, le mépris des revendications territoriales autochtones et de nouvelles lois qui favorisent l'exploitation industrielle au détriment de la protection de l'environnement».

En septembre dernier, le leader indigène Edwin Chota Valera et trois autres dirigeants de la communauté Ashaninka qui luttaient contre la déforestation en Amazonie ont été tués dans la région d'Ucayali, au nord du Pérou, devant d'autres membres de leur communauté.

Edwin Chota avait reçu des menaces de la part d'exploitants illégaux de bois.

«Les meurtres d'Edwin Chota et ses collègues sont des rappels tragiques du paradoxe à l'oeuvre dans les négociations climatiques», a déclaré Patrick Alley, co-fondateur de Global Witness, à l'occasion de la sortie du rapport.

«Alors que le gouvernement du Pérou préside les négociations sur la façon de résoudre la crise climatique, il ne parvient pas à protéger les personnes en première ligne sur le front de la protection de l'environnement», dénonce-t-il.

Les quatre leaders indigènes ont reçu lundi à New York un prix à titre posthume, de la Fondation Alexander Soros, qui entend promouvoir la justice sociale. Alexander Soros, 29 ans, est le fils du milliardaire, investisseur et philantrope George Soros.

«Quand mon père est mort, je me suis sentie seule. Maintenant je vois que tout le monde me soutient», s'est réjouie à cette occasion Diana Rios Rengifo, la fille de Jorge Rios, l'un des leaders assassinés.

Le Pérou occupe la quatrième place pour le meurtre de défenseurs de l'environnement, derrière le Brésil, le Honduras et les Philippines, selon l'organisation.

Les communautés amérindiennes d'Amazonie sont régulièrement victimes de coupeurs de bois illégaux qui pénètrent dans leurs territoires pour faire du trafic de bois précieux, en usant de menaces et de violence, une situation aggravée par l'absence de titres de propriété foncière.

Le Pérou accueille du 1er au 12 décembre un nouveau round de négociations internationales sur la lutte contre le changement climatique.

Cette session est de première importance car elle doit paver la voie à un accord contraignant et mondial, l'an prochain à Paris, sur les réductions d'émissions de gaz à effet de serre dans l'espoir de limiter le réchauffement à 2°C par rapport à l'ère pre-industrielle.