Le Québec perd son titre de premier de classe au Canada en matière de lutte contre les changements climatiques, mais il se maintient dans le peloton de tête. La Colombie-Britannique vient de le surpasser grâce à l'adoption de mesures vertes plus musclées, estime la Fondation David Suzuki.

Le groupe environnemental a publié hier son rapport d'évaluation des plans des provinces et des territoires pour lutter contre les changements climatiques dans lequel l'Alberta est encore une fois coiffée du bonnet d'âne.

La Fondation a fait coïncider sa sortie avec le début de la rencontre annuelle des premiers ministres provinciaux et territoriaux, à Québec. Jusqu'à demain, les premiers ministres discuteront en outre d'environnement. Ils ne s'entendent pas sur les mesures à prendre pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES).

Dans son rapport, la Fondation David Suzuki observe que la plupart des provinces luttent davantage contre les changements climatiques qu'il y a deux ans, lors de son premier rapport d'évaluation. Elles ont réagi à l'absence de leadership du gouvernement fédéral, souligne-t-elle.

Il y a deux ans, le Québec avait obtenu la meilleure note. La province glisse au second rang et reçoit la mention «très bien». C'est la Colombie-Britannique qui remporte la palme. Elle «a pris l'avance sur le Québec» notamment parce que son gouvernement s'est engagé à devenir «carboneutre» d'ici 2012, ce qui consiste à financer des projets d'énergie renouvelable à l'étranger pour compenser les émissions de GES liées aux activités de l'État.

«Sa taxe sur le carbone commence à un niveau plus élevé que le Québec et elle augmente d'ici les cinq prochaines années. C'est une politique révolutionnaire en Amérique du Nord», a ajouté l'auteur du rapport, Dale Marshall, en conférence de presse.

Il a tenu à préciser que la Fondation n'est «pas déçue» de la performance du Québec. Le plan d'action du gouvernement Charest reste «solide». Mais les investissements importants dans la construction de nouvelles infrastructures routières et le projet de port méthanier entachent son dossier. La province ne prévoit pas non plus réduire sa consommation globale d'énergie.

Les émissions de GES au Québec ont diminué de 6% entre 2003 et 2006, souligne le rapport. Elles se situent légèrement en dessous de leur niveau de 1990 (-1%), l'année de référence du protocole de Kyoto dont l'objectif est une baisse de 8% d'ici 2012. Le Québec affiche la plus faible quantité d'émissions de GES par habitant.

Le premier ministre Jean Charest s'est dit «très heureux» du rapport, même si le Québec n'est plus le premier de classe. «Dans le rapport, on signale que le leadership québécois a été très significatif dans tout ce que les autres provinces et territoires ont fait par la suite. C'est nous qui avons enclenché le mouvement sur la question des taxes vertes, et j'en suis très fier», a-t-il affirmé.

La Fondation David Suzuki se réjouit que des provinces représentant 75% de la population canadienne se disent maintenant favorables à la mise sur pied d'un système de quotas et d'échanges de droits d'émissions de GES transigés dans une bourse du carbone («cap and trade» en anglais).

C'est précisément sur ce sujet que les premiers ministres provinciaux et territoriaux n'arrivent pas à s'entendre. Jean Charest, qui préside la rencontre de cette année, ne s'attend pas à ce que le Conseil de la fédération arrive à un consensus sur la lutte contre les changements climatiques. Il est toutefois plus confiant de conclure une entente avec ses homologues sur le commerce intérieur et la mobilité de la main-d'oeuvre.

Classement de la Fondation David Suzuki

Meilleur: Colombie-Britannique

Très bon: Québec

Bon: Manitoba et Ontario

Passable: Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse, Île-du-Prince-Édouard et Nunavut

Mauvais: Terre-Neuve, Territoires-du-Nord-Ouest, Yukon et Saskatchewan

Pire: Alberta