Le policier Jean-Loup Lapointe n'est pas en mesure d'expliquer comment le jeune Jeffrey Sagor Metellus a pu recevoir une balle dans le dos, le soir du 9 août 2008, dans le stationnement d'un centre sportif de Montréal-Nord, alors qu'il a tiré sur des «masses» qui avaient «foncé» sur lui et qui se trouvaient toutes «à moins d'un mètre».

«Je ne sais pas», a simplement répondu l'agent Lapointe, tandis qu'il faisait l'objet d'un contre-interrogatoire plutôt serré piloté par l'avocat de M. Metellus, Alain Arsenault, vendredi, au palais de justice de Montréal, dans le cadre de l'enquête publique du coroner André Perreault sur la mort de Fredy Villanueva.

Le policier mesurant 1,73 mètre (cinq pieds, huit pouces) et pesant 79 kilos (175 livres) a dit avoir cessé de tirer dès qu'il a réalisé que les jeunes qui l'agressaient s'étaient arrêtés et mis à reculer.

«Est-ce que les corps ont pivoté avant que je perçoive un mouvement de recul? Je ne le sais pas», a-t-il dit.

Me Arsenault a fait admettre au policier que c'est le quatrième et dernier projectile qu'il a tiré qui s'est logé dans le dos de M. Metellus, ce qu'il a déduit «après analyse» de la preuve alors qu'il se préparait pour son témoignage. Au moment des faits, il n'a pas vu où les quatre balles ont touché les trois victimes (Jeffrey Sagor Metellus au dos, Denis Meas à l'épaule et Fredy Villanueva au thorax deux fois ainsi qu'au poignet).

Jean-Loup Lapointe ne s'est pas non plus préoccupé de la possibilité d'une balle perdue. «Je ne pense pas aux gens qui sont derrière», a-t-il d'abord reconnu, avant de rectifier: «c'était évident qu'il n'y avait aucun risque pour les gens derrière».

Quant à ceux qu'il visait, et qui étaient si près de lui qu'il ne pouvait pas les manquer, il ne percevait pas distinctement leurs visages, a-t-il dit: «je vois des masses de corps». Il faut dire qu'il avait déjà précisé que Dany Villanueva continuait alors de le frapper à la tête.

«En aucun temps je n'ai fait un tir miré», a-t-il cependant aussi précisé.

Rappelons que, d'après l'agent Lapointe, sa partenaire Stéphanie Pilotte et lui étaient alors au sol avec un Dany Villanueva violent qu'ils tentaient de maîtriser, et quatre ou cinq autres jeunes hommes l'agrippaient de partout. Fredy Villanueva lui aurait notamment «serré la gorge».

Point qui diffère du témoignage de Mme Pilotte, Jean-Loup Lapointe n'a pas constaté que Fredy Villanueva a reculé après avoir reçu une première balle dans le thorax, ne serait-ce que sous la force de l'impact. «Je ne peux pas déterminer le mouvement des corps durant les mises à feu», a-t-il dit.

Le garçon de 18 ans aurait ensuite reçu un deuxième projectile dans le thorax, puis un troisième l'aurait touché au poignet avant de ricocher vers l'épaule de Denis Meas. Le quatrième aurait atteint Jeffrey Sagor Metellus dans le dos. C'est à tout le moins l'hypothèse que le camp Villanueva juge la plus vraisemblable.

Fredy Villanueva allait s'éteindre un peu plus tard.

Toutefois, tel qu'il l'avait déjà fait plusieurs fois cette semaine, M. Lapointe a assuré qu'il avait réagi de la «meilleure façon possible» tout au long de l'intervention. «J'ai repoussé cette action-là le plus loin que j'ai pu», a-t-il dit au sujet de sa décision d'ouvrir le feu.

«Mes appels au calme ne fonctionnaient pas», a-t-il aussi invoqué.