Un stationnement de plus ou de moins. Un milieu naturel goudronné. Un sol imperméabilisé. Sommes-nous à un îlot de chaleur près dans un contexte environnemental qui se dégrade à vue d’œil et dans lequel la santé humaine est mise en péril ?

Mettons-nous maintenant d’accord sur l’état de fait suivant : un hôpital est un établissement où des patients reçoivent des soins de santé de qualité, prodigués par du personnel issu de nombreuses professions du milieu hospitalier, exerçant dans les meilleures conditions possibles. Ou, à tout le moins, c’est ce qui serait souhaité dans le meilleur des mondes.

Or, notre gouvernement a autorisé en septembre 2023 la construction d’un stationnement de surface de 1869 places dans le projet du nouvel hôpital de Vaudreuil-Soulanges, soit l’équivalent de cinq terrains de football, là où pourraient cohabiter un parc, des jardins communautaires et des espaces dédiés à la biodiversité. Le projet initial, lui, proposait un stationnement étagé afin de limiter l’impact sur l’environnement, privilégiant ainsi la densification plutôt que l’étalement.

Comment justifier en 2024 la construction d’une grande surface bétonnée, créant ainsi un îlot de chaleur, en plus de détruire un grand espace de végétation naturelle ? Est-ce compatible avec la mission d’un hôpital ?

Voyons ensemble le résultat de cette recette gouvernementale. D’abord, Vaudreuil-Dorion, où sera construit le nouvel hôpital, fait partie de la municipalité de Vaudreuil-Soulanges. Cette ville est largement bordée par le lac des Deux Montagnes et la rivière des Outaouais, ce qui la rend propice à des inondations répétées. Chaque pouce carré de son sol que l’on imperméabilise augmente cette vulnérabilité, en plus des coûts très élevés pour la ville et pour sa population à chaque fois qu’un débordement survient. La ville investit d’ailleurs pour l’adaptation de ses berges, en plus de mettre en place différentes mesures de prévention, dont la sauvegarde de milieux naturels permettant l’absorption des eaux pluviales.

Parlons ensuite des impacts liés à la création du parfait îlot de chaleur, tel un stationnement de grande surface. Rappelons au gouvernement du Québec que chaque vague de chaleur de quatre ou cinq jours lui coûte 55 millions de dollars en soins de santé1. Ce montant ne prend pas en considération le coût humain en pertes de vies et en problèmes de santé. Imaginer la présence d’un îlot de chaleur contigu à un établissement de santé dans ces circonstances nous semble en l’occurrence inconcevable, voire illogique.

De plus, le futur hôpital sera construit à l’intersection de l’autoroute 30, et à proximité de l’autoroute 40. Or, nous savons que la majorité des GES sont émis par le transport routier, et que « la pollution atmosphérique est responsable du tiers des maladies cardio-vasculaires au Québec, soit 3800 décès prématurés par an »2. Nous savons également que les maladies pulmonaires et cardio-vasculaires coûtent environ 30 milliards à la province annuellement3. Il nous apparaît indispensable de protéger les travailleurs et travailleuses, ainsi que les patients de l’hôpital, des polluants atmosphériques en la ceinturant d’espaces verts pouvant assurer la captation d’une partie des GES présents dans l’environnement.

Donc, M. Legault, voici un bel exemple où les coupes dans l’investissement afin d’économiser un peu d’argent (des pommes, direz-vous), la destruction d’un milieu naturel (des oranges, pensez-vous), à proximité d’un établissement de santé (des bananes, selon vous), mènent à la belle salade de fruits que voici : la poursuite des crises climatiques et de biodiversité, couplées d’impacts significatifs sur la santé de la population et des coûts qui y sont reliés. Des éléments, comme vous le constaterez, qui sont indissociables, indépendamment du fruit dont ils sont issus.

Les citoyens du Québec que vous représentez ont besoin d’un gouvernement responsable qui a réellement à cœur leur santé et leur environnement.

Nous vous demandons de revenir à la proposition de départ, soit celle de construire un stationnement étagé pour le nouvel hôpital de Vaudreuil-Soulanges, afin de répondre aux besoins fondamentaux de la population québécoise qu’il vous incombe de protéger.

1. Tiré du texte de Charles D’Amboise publié le 4 août 2018 sur Radio-Canada.

2. Tiré d’un podcast de Mères au front. Il s’agit d’une rencontre entre la journaliste Catherine-Ève Gadoury et Johanne Elsener de Québec Arbres.

3. Tiré du Cadre de référence pour un air sain de l’AQME

*Cosignataires : Guy Pilon, maire de Vaudreuil-Dorion ; Marie-Claude Nichols, députée provinciale de Vaudreuil ; Patricia Clermont, Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME)

*Consultez la liste complète des cosignataires Qu’en pensez-vous ? Participez au dialogue