Alors que les jours raccourcissent et que les nuits s’allongent, je suis reconnaissante pour la lumière partout où je la trouve.

Au retour de l’école, mes enfants et moi aimons admirer les lumières de Noël du quartier. Je leur explique que même si, en tant que juifs, nos coutumes et nos fêtes sont différentes de celles de nos voisins, nous cherchons tous une lueur d’espoir dans l’obscurité.

Alors que les lumières de Noël scintillent, je pense aux membres de la communauté juive qui m’ont affirmé récemment : « Je ne sais pas si je mettrai mes bougies de Hanoukka à la fenêtre cette année. »

Traditionnellement, la ménorah (un chandelier) de Hanoukka est placée à la fenêtre, face à la rue. Nous le faisons pour témoigner des merveilles de cette fête : le courage des Maccabées, nos ancêtres qui ont défendu leurs convictions face aux Grecs, et l’huile qui a miraculeusement duré huit jours, symbole d’espoir. Cette pratique persiste depuis plus de 2000 ans.

Nos portes ouvertes à tous

Ici, à Montréal, la synagogue que je sers – le temple Emanu-El-Beth Sholom – a été fondée en 1882 comme foyer pour le judaïsme progressiste. Cela fait 140 ans que nous ouvrons nos portes aux personnes de toutes confessions religieuses et celles qui n’en ont aucune, que nous occupons un rôle de premier plan dans l’établissement de passerelles entre diverses communautés avoisinantes, permettant d’importants dialogues, en anglais et en français. Nous chérissons les traditions du judaïsme tout en étant tournés vers le monde moderne. Nous défendons l’égalité absolue entre les hommes et les femmes, et la communauté LGBTQIA est toujours la bienvenue.

Au fil des ans, nous avons accueilli des juifs fuyant l’Holocauste dans les années 1930 et 1940 ; nous avons parrainé des réfugiés vietnamiens dans les années 1970 ; récemment, nous avons parrainé deux familles musulmanes syriennes, les réunissant avec des membres de leur famille à Montréal. Nous préparons des repas pour les démunis et ramassons des vêtements pour ceux dans le besoin. Nous soutenons les peuples autochtones, premiers habitants de ce territoire, et nous apprenons d’eux. Nous nous soutenons tous les uns les autres dans les moments de joie comme de tristesse. Nous contribuons à transmettre et à façonner les traditions juives qui donnent un sens à nos vies.

Toutes ces valeurs et toutes ces actions sont la lumière que nous projetons dans le monde. C’est pourquoi je suis si triste que de nombreux juifs de Montréal aient peur de placer leurs bougies aux fenêtres cette année. Nous avons été témoins d’attentats à la bombe incendiaire contre des synagogues et de fusillades aux portes d’écoles juives. Nous avons dû renforcer la sécurité dans toutes nos institutions. Et nombreux sont ceux qui sont réticents à vivre leur judaïsme.

Ce que nous voulons, c’est ce que nos ancêtres voulaient lors de la première Hanoukka. Nous voulons pouvoir vivre pleinement en tant que juifs. Et nous voulons pouvoir partager notre lumière avec nos voisins et avec le monde.

L’une des membres du Temple habite en face d’une école et s’est liée d’amitié avec des musulmans qui y travaillent. Ils lui ont demandé si elle allait allumer sa ménorah cette année. Lorsqu’elle a répondu oui, ils ont souri. « Nous avons tous besoin d’un peu plus de lumière en ce moment. »

En cette fin d’année, je prie pour que nous puissions nous rassembler dans la paix, dans nos synagogues, nos mosquées et nos églises, dans nos rues, nos écoles et nos maisons. Je souhaite que nous puissions échanger sur nos traditions, nous réjouir de nos similitudes et nous enrichir de nos différences. Ensemble, nous brillerons toujours plus fort.