Il y avait quelque chose de très touchant à voir ces centaines de personnes qui regardaient ensemble l’histoire de l’humanité défiler sous leurs yeux écarquillés. Cette image, c’est ce qui m’est resté en tête quand j’ai quitté PY1, la pyramide conçue par Lune Rouge pour la présentation d’Au-delà des échos, dont la grande première mondiale avait lieu hier après-midi.

Au-delà des échos, c’est cette fresque multimédia de 55 minutes créée par la nouvelle compagnie de Guy Laliberté qui sera présentée tout l’été au quai de l’Horloge, dans le Vieux-Port. Pour sa lancée en orbite, quatre représentations du spectacle avaient été prévues, soit à 12 h 30, à 15 h, à 17 h 30 et à 20 h.

Tous les billets avaient été achetés par des spectateurs décrits comme des early adopters par les experts en marketing. Ces gens n’ont pas attendu les critiques des journalistes qui verront le spectacle mercredi soir lors de la première médiatique, encore moins les échos des réseaux sociaux.

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C'est après avoir traversé la petite pyramide qui sert de hall que l'on pénètre dans PY1.

Ces spectateurs ont acheté leurs billets dès l’ouverture des guichets en novembre dernier parce qu’ils font confiance à Guy Laliberté. Du moins, c’est ce plusieurs personnes m’ont dit. « Ce gars-là a du pif. Il ne se trompe jamais », m’a dit une femme venue avec son mari et ses deux filles. « Je veux savoir où il en est dans sa démarche philosophique. Je suis certaine que son voyage dans l’espace l’a marqué », m’a confié Christine, une jeune vétérinaire. « Moi, c’est le parcours de l’homme d’affaires qui me fascine », a ajouté son ami Sébastien, un agronome.

Après avoir traversé la petite pyramide qui sert de hall, on pénètre dans PY1. Nos yeux mettent un certain temps à s’habituer à la pénombre. Il y a des fauteuils pour ceux qui le désirent, mais aussi des dizaines de coussins pour ceux qui préfèrent voir le spectacle en position allongée (ce que j’ai choisi de faire). Enfin, d’autres personnes ont préféré regarder le spectacle debout. Environ 600 spectateurs peuvent prendre place dans la pyramide.

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Il y a des fauteuils pour ceux qui le désirent, mais aussi des dizaines de coussins pour ceux qui préfèrent voir le spectacle en position allongée.

J’avoue que l’idée de résumer l’histoire de l’humanité en moins d’une heure (le concept du spectacle) me faisait drôlement peur. Mais comme on reste entièrement dans la poésie et l’onirisme, on évite un côté didactique qui aurait pu être assommant. Dès le début du spectacle (complètement dépourvu de ressources humaines), des images, des formes et des symboles défilent devant, derrière et au-dessus de nous grâce à des prouesses techniques spectaculaires et invisibles pour le spectateur.

Le metteur en scène Gabriel Coutu Dumont a imaginé des tableaux qui nous montrent les grandes étapes de la formation de la Terre, de la naissance de la vie et de la montée des civilisations. Le tableau portant sur l’ère gréco-romaine combinée à l’érection de gratte-ciel modernes est particulièrement saisissant.

En fait, je vous dis cela, et il n’est pas assuré que les autres spectateurs qui étaient avec moi ont vu la même chose. Chaque spectateur a droit à sa compréhension et à ses émotions. C’est l’une des qualités du spectacle. C’est ce que plusieurs personnes m’ont d’ailleurs dit à la sortie.

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Le metteur en scène Gabriel Coutu Dumont a imaginé des tableaux qui nous montrent les grandes étapes de la formation de la Terre, de la naissance de la vie et de la montée des civilisations.

La musique de John Laraio comble tout le monde. Si les plus jeunes apprécient les passages de techno pure et dure, les plus vieux (leurs parents) retrouvent à certains moments des influences de Pink Floyd, Jean-Michel Jarre ou Vangelis. J’oserais même ajouter (pour mieux trahir mon âge) Tangerine Dream.

La musique occupe beaucoup de place dans le spectacle. Mais à trois ou quatre moments, on entend la voix du philosophe d’origine britannique Alan Watts. Les mots de ce grand spirituel qui a consacré sa vie à réunir les sociétés et les religions ont une grande portée. On a qu’une envie après le spectacle : lire ses bouquins.

Avant la première d’hier, Au-delà des échos a été présenté seulement trois fois devant des spectateurs. Vendredi soir, on a donné deux représentations devant les employés de Lune Rouge et de One Drop. « On apporte des modifications après chaque représentation », m’a confié Stéphane Mongeau, président et producteur exécutif de Lune Rouge.

Certains effets visuels d’Au-delà des échos sont absolument renversants. La descente du plafond de quelques éléments offre de belles possibilités. Tout cela laisse croire que les soirées techno qu’on organisera dans la pyramide en fin de soirée seront hautes en couleur.

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Le concept du spectacle : résumer l’histoire de l’humanité en moins d’une heure.

En effet, sept thématiques ont été créées afin d’accueillir les amateurs de techno et ceux qui aiment danser lors de soirées qui débutent vers 22 h. Le tout a commencé hier avec la soirée Eye Wonder, qui réunissait les DJs Laurence Matte, Remoz et Guy Laliberté.

Au cours du mois de juin, nous aurons droit aux soirées Candy World, Sci-Matic, Underworld, Astral Plane, Taboo et Pop. On a évidemment mis le paquet pour le week-end prochain de Grand Prix avec la présentation de quatre soirées (de jeudi à dimanche). On demande aux gens, s’ils le désirent, de s’habiller en fonction des thématiques.

Au-delà des échos sera présenté jusqu’au 29 septembre, cinq fois par jour, six jours par semaine. Après quoi, la pyramide sera déménagée à Miami, puis possiblement à New York, au printemps prochain.

Les prochains jours seront déterminants pour le projet PY1. Une foule de producteurs internationaux (Japon, Mexique, Chine, Las Vegas, etc.) viendront voir le spectacle. C’est eux qui décideront du déménagement de la pyramide de 25 mètres, dont le montage nécessite trois semaines.

Avec la présence de PY1 et d’Au-delà des échos, du chapiteau du Cirque du Soleil qui présente Alegría, de la Grande Roue, de la plage de l’Horloge et de la présentation des Grands Feux Loto-Québec, on peut affirmer que le Vieux-Port sera un pôle d’attraction majeur cet été à Montréal. D’ailleurs, hier après-midi, beau temps oblige, il y avait un monde fou dans ce secteur.

Courage, l’été arrive ! Et il risque d’être fantasmagorique !