Eric Bana est une force de la nature. Une force tranquille. Imposant physiquement, mais, en même temps, réservé et drôle. «Le décalage horaire? J'ai décidé il y a longtemps que je ne pouvais me permettre cela», rigolait, lors d'une rencontre de presse, celui qui multiplie les vols entre les États-Unis et son Australie natale avec quelques détours par la Grande-Bretagne.

L'acteur a appris beaucoup en interprétant l'avocat de la défense Martin Rose dans Closed Circuit, comme c'est généralement le cas. «Je me suis intéressé aux textes grecs anciens avec Troy, j'ai découvert beaucoup de choses sur les relations entre Israël et la Palestine avec Munich.» Pour le film de John Crowley, il a pénétré dans les coulisses de la justice britannique et découvert ces procès à huis (très) clos. Il s'est posé des questions sur la justice. Sur cette possibilité qu'a un gouvernement, grâce à cette façon de pratiquer la loi, de commettre des meurtres en toute impunité, au nom du patriotisme.

Mais il n'en dit pas plus sur le sujet, se prétendant apolitique: «Il y a des organisations caritatives que je soutiens personnellement, mais j'ai décidé de ne pas afficher mes convictions politiques en public. Je pense qu'il y a d'autres gens qui font un bien meilleur travail là- dessus que je ne le ferai jamais.»

Là où il se fait volubile, c'est quand il parle boulot - en particulier de la relation entre l'acteur et le caméraman principal. «En fait, j'aime tout l'aspect technique du tournage.» Il suffit de mentionner le long plan-séquence du film Hanna de Joe Wright pour le voir s'enflammer: «C'était terrifiant, mais j'ai adoré.» Au départ, cette scène où il descend dans une station de métro et se fait attaquer par de multiples adversaires devait être tournée de façon classique. «En 20 morceaux qu'on mettrait bout à bout au montage, pouffe-t-il. Mais quelques jours avant, Joe m'a dit: «Tu sais, la scène de vendredi? On la fait en continu.» Et nous l'avons fait. Nous avons répété toute la journée, puis nous l'avons tournée sept fois en 50 minutes. Après, la lumière n'était plus bonne.»

Le comédien se désole que ce genre de situation, cette préparation minutieuse, cette utilisation du "vrai" se perde avec l'emploi du numérique. «Il y a cette idée, maintenant, que tout peut être arrangé, corrigé, modifié au montage. Mais on n'arrive jamais, ainsi, à une scène comme celle-là, où l'adrénaline coule dans les veines de l'acteur et de tous ceux qui l'entourent.» Et, plus tard, par procuration, des spectateurs.