Hollywood livre son histoire des origines de Facebook dans un thriller plein de trahisons, d'élitisme et de cupidité dans le film The Social Network, portrait à charge sans pitié du jeune patron du site de socialisation, Mark Zuckerberg.

Le film, qui sort le 1er octobre aux États-Unis, raconte l'histoire d'un jeune étudiant mal dans sa peau et isolé de la prestigieuse université Harvard, soudain admiré lorsqu'il crée un trombinoscope en ligne en 2003, et n'hésitant pas à trahir ses camarades quand il lance ce qui devient finalement Facebook en 2004.

Lorsque la chaîne de télévision ABC lui a demandé cet été s'il avait l'intention de le voir, Mark Zuckerberg, 26 ans, a répondu : «Je ne crois pas». Mais il a aussi relevé dans un rire que l'acteur l'incarnant, Jesse Eisenberg, était le cousin d'un ingénieur travaillant pour lui, comme pour mieux illustrer l'omniprésence de son site.

Le film a été réalisé par un spécialiste des thrillers, David Fincher (Seven, Fight Club...), sur un scénario d'Aaron Sorkin, créateur de la série The West Wing, et est basé sur un livre racoleur: La revanche d'un solitaire, la véritable histoire du fondateur de Facebook.

Au centre de l'intrigue figurent des accusations de trahison qui ont fait l'objet de règlements en justice, d'une part d'un ancien ami plus fortuné qui avait avancé les premiers milliers de dollars nécessaires au développement de Facebook, et d'autre part d'un groupe d'étudiants plus âgés qui auraient engagé Mark Zuckerberg pour qu'il développe un réseau social.

L'un de ces anciens étudiants est l'athlète Tyler Winklevoss, qui était très en vue à Harvard à l'époque grâce à ses prouesses de rameur et son appartenance au club le plus huppé du campus.

Pour M. Winklevoss, le film montre que «Mark nous a fait quelque chose de terrible».

«Si c'était une histoire inventée de toutes pièces, votre éditeur dirait que ça va trop loin, personne ne la croirait», raconte M. Winklevoss à l'AFP.

Tyler Winklevoss, son frère jumeau Cameron et leur ami Divya Narendra affirment que M. Zuckerberg leur a volé l'idée d'un réseau social, leur faisant croire qu'il travaillait pour eux alors qu'il oeuvrait à son propre site. Ils ont obtenu en justice 20 millions $ de réparation et 45 millions $ en actions, mais ont fait appel.

Face à la campagne de promotion massive entourant le film, Facebook a souligné lundi qu'il s'agissait d'une «fiction». «Ce qui est plus important, c'est la construction d'un service utile et innovant que les gens aiment utiliser pour se connecter», a ajouté le site.

Mais M. Zuckerberg a reconnu à plusieurs reprises avoir commis des «fautes» de jeunesse. «J'ai créé le site quand j'avais 19 ans», plaide-t-il.

«Je ne peux pas changer le passé», a-t-il aussi convenu lors d'une conférence en juin. «Si j'avais su à l'époque ce que je sais maintenant, j'espère que je n'aurais pas fait les mêmes erreurs».

Une ancienne camarade de promotion, la journaliste Rebecca Davis O'Brien, a relevé pour sa part sur le site The Daily Beast que le portrait dressé par le film sonnait un peu faux.

Plutôt qu'un provincial avide de reconnaissance, Mark Zuckerberg est un fils de dentiste aisé, arrivé à Harvard auréolé d'une réputation de génie précoce après avoir repoussé une offre de plusieurs millions de dollars de Microsoft.

Pour Josh Bernoff, spécialiste des réseaux sociaux au cabinet Forrester, le site n'a de toutes façons pas grand souci à se faire. «Je ne crois pas que les gens s'inscrivent sur Facebook à cause de la personnalité ou du comportement du fondateur, pas plus qu'ils utilisent Microsoft Word selon qu'ils aiment ou non Bill Gates».