L’année qui s’achève a été faste en films de qualité. Parmi les longs métrages d’ici et d’ailleurs, d’animation, d’action ou d’auteur qui ont marqué les esprits, voici dans le désordre les films qui ont fait l’année de nos journalistes spécialisés en cinéma.

Anatomie d’une chute

Dans ce drame judiciaire aux accents de thriller grâce auquel elle est devenue la troisième femme à remporter la Palme d’or, Justine Triet met en scène une romancière (Sandra Hüller, excellente) qui, soupçonnée du meurtre de son mari, est jugée en présence de son fils malvoyant (Milo Machado Graner, prodigieux). S’il évoque Force majeure, de Ruben Östlund, pour ses paysages hivernaux hostiles, ses huis clos anxiogènes et l’ambiguïté qui le traverse jusqu’à la fin, Anatomie d’une chute s’en rapproche également par son analyse brillante et nuancée des rapports de force existant au sein d’un couple.

Manon Dumais, La Presse

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Barbie

Succès populaire de l’année, Barbie est aussi une réussite artistique. Premier exploit : jamais le film de Greta Gerwig ne donne l’impression qu’on cherche à vendre des poupées. Le mercantilisme est même décrié à plus d’une reprise. L’œuvre est également fièrement féministe. Bien que les Barbie divisent depuis des lustres, le film véhicule un message clair sans être appuyé. La subtilité et le bon goût du propos offrent un délicieux contraste avec l’esthétisme coloré et criard. Margot Robbie et Ryan Gosling donnent vie à des personnages dont on connaissait le potentiel comique, mais qui n’avait jamais été exploité.

Pascal LeBlanc, La Presse

Sur Crave (abonnement requis) et en vidéo sur demande

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Les chambres rouges

Thriller d’une esthétique clinique porté par une mise en scène précise et une trame sonore anxiogène, ce troisième long métrage de Pascal Plante (Les faux tatouages, Nadia Butterfly) relate la rencontre de deux jeunes femmes, l’une mystérieuse (Juliette Gariépy), l’autre naïve (Laurie Babin), obsédées par un tueur en série (Maxwell McCabe Lokos). S’inspirant du cinéma de David Fincher et de Michael Haneke, ainsi que du cycle arthurien, le réalisateur offre une réflexion à glacer le sang sur notre rapport à l’image, sur notre dépendance aux écrans et sur notre fascination pour les meurtriers.

Manon Dumais, La Presse

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Close

Close, du Belge Lukas Dhont, Grand Prix du jury à Cannes en 2022, est un bijou de récit initiatique, autobiographique, qui se démarque par sa finesse, son intelligence, sa subtilité et la maîtrise de ses non-dits. L’histoire d’une amitié fusionnelle entre deux garçons, qui se délite au début de l’adolescence lorsque des camarades de classe les soupçonnent de former un couple, porte une charge émotive fulgurante, parfaitement dosée, d’une grande vérité. Filmé pour l’essentiel caméra à l’épaule, au plus près des personnages, c’est un film puissant et sensible.

Marc Cassivi, La Presse

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Les feuilles mortes

Prix du jury du plus récent Festival de Cannes, Les feuilles mortes d’Aki Kaurismäki est un film absolument charmant de spleen et de mélancolie, mettant en scène deux personnages solitaires à Helsinki. Une romance prolétaire légèrement décalée, dans le style typique du cinéaste de L’homme sans passé et du Havre : humour noir et pince-sans-rire, réalisation sobre et minimaliste, situations improbables et dialogues cocasses. Le Finlandais s’amuse cette fois avec les codes de la tragicomédie romantique, et l’on est autant touché par ces amours contrariées que saisi par le portrait social qu’il brosse.

Marc Cassivi, La Presse

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Le garçon et le héron

Ce que Hayao Miyazaki a annoncé comme son chant du cygne est le film-somme d’un géant du septième art. On retrouve dans Le garçon et le héron tous les éléments (pas seulement les quatre principaux…) qui ont fait le style et la réputation de Miyazaki et des studios Ghibli. La fantaisie, le discours écologique, l’animation sublime. Mahito, un garçon de 11 ans, quitte Tokyo après la mort de sa mère pour le village où elle a grandi. Il y rencontre un héron très particulier qui deviendra à contrecœur son guide dans des univers parallèles. Une splendeur, magnifiquement réalisée.

Marc Cassivi, La Presse

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Je verrai toujours vos visages

Quiconque aurait des réserves quant à l’efficacité de la justice réparatrice pourrait bien les perdre en voyant ce bouleversant film choral de Jeanne Herry (Elle l’adore, Pupille). Bénéficiant d’une distribution jouant sa partition à la perfection, au cœur de laquelle se démarque la magistrale Miou-Miou (mère de la cinéaste), Je verrai toujours vos visages offre une galerie de portraits nuancés et diversifiés. Si bien qu’à l’instar des personnages eux-mêmes, le spectateur en vient à oublier qui est bourreau, qui est victime. Comme si chacun laissait tomber son masque pour révéler son humanité.

Manon Dumais, La Presse

À venir en vidéo sur demande

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Maestro

Bradley Cooper a coscénarisé et réalisé, tout en y incarnant le rôle principal, Maestro, film splendide et émouvant sur la vie (de couple surtout) du célèbre compositeur et chef d’orchestre américain Leonard Bernstein. Ce film inventif et inspiré sur le thème de la dualité, conçu comme une œuvre symphonique, raconte 30 ans d’un mariage atypique. Bernstein, que Cooper interprète avec panache, était bisexuel. Carey Mulligan est exceptionnelle dans le rôle de sa femme, la comédienne et militante Felicia Montealegre. On dira, de manière péjorative, que Maestro est calibré pour les Oscars. Il méritera tous ses lauriers.

Marc Cassivi, La Presse

En salle. Sur Netflix dès le 20 décembre (abonnement requis)

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May December

Le nouveau film de Todd Haynes aborde une histoire « humaine et complexe »… pour citer Elizabeth (Natalie Portman), qui explique son projet de film à Gracie (Julianne Moore). Elle veut comprendre les conséquences d’un amour né dans l’illégalité, entre une femme mûre et un adolescent, à Savannah, en Géorgie. Avec son nouveau film, Todd Haynes déboulonne encore le mythe du rêve américain. En déjouant les codes de la culture américaine et des films hollywoodiens. Son œuvre, à la fois sombre et lumineuse, nous rappelle qu’il est l’un des cinéastes les plus fascinants au sud de la frontière. Porté avec brio par un duo d’actrices hors du commun, May December nous habite longtemps après l’avoir vu.

Luc Boulanger, La Presse

En salle et sur Netflix (abonnement requis)

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Nos vies passées

Le premier film de la dramaturge canado-coréenne Celine Song, en grande partie autobiographique, est étonnant de maîtrise. Past Lives (le titre en version originale), coup de cœur du dernier Festival de Sundance, raconte à travers trois rencontres physiques ou virtuelles, à 12 ans d’intervalle, une histoire d’amour, depuis les premiers émois préadolescents. Il y a des accents d’In the Mood for Love dans la beauté de ces plans simples et élégants, comme dans ce récit philosophique et poétique, subtil et touchant, sur les choix de vie que l’on fait et sur la réflexion qu’ils suscitent lorsque le passé rencontre le présent.

Marc Cassivi, La Presse

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La note américaine

La note américaine (Killers of the Flower Moon en version originale), western épique sur la cupidité, la vilénie, le racisme et la déshumanisation, raconte le récit incroyable et pourtant vrai de la Nation osage, considérée au début du siècle dernier comme la plus riche au monde par habitant. Martin Scorsese y met en scène ensemble pour la première fois ses deux acteurs fétiches, Robert De Niro et Leonardo DiCaprio. Mais c’est Lily Gladstone qui est la pierre angulaire de cette intrigue aux accents de polar sociopolitique. Le film bilan magistral d’un grand maître au sommet de son art.

Marc Cassivi, La Presse

En salle

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La nuit du 12

Grand gagnant de la plus récente Soirée des César, avec sept prix (dont meilleur film et meilleure réalisation), La nuit du 12 du Français Dominik Moll raconte une enquête non résolue autour d’un féminicide. Clara, une jeune femme de 21 ans, est brûlée vive en pleine rue, en rentrant d’une fête chez des amies. Comme la Laura Palmer du Twin Peaks de David Lynch, la victime est un fantôme dont la présence est constante dans le récit. Un film troublant, intelligent et nuancé, qui traite de masculinité toxique, mais aussi des biais inconscients des policiers.

Marc Cassivi, La Presse

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Oppenheimer

Les qualités d’Oppenheimer sont nombreuses. Distribution exceptionnelle, menée par Cillian Murphy dans le plus grand rôle de sa brillante carrière. Récit déconstruit, mais limpide et enlevant. Trame sonore, signée Ludwig Göransson, aussi géniale qu’anxiogène. Composition à la fois sobre et riche. Plus impressionnante encore est la puissance de l’immersion. Christopher Nolan propose des films époustouflants et fascinants, mais souvent froids. Ici, il raconte la véritable histoire d’un homme et de ses proches en nous donnant l’impression d’en être un témoin privilégié. Cette sensation atteint son comble lors de la fameuse scène de l’explosion, qui a déjà marqué l’histoire du cinéma.

Pascal LeBlanc, La Presse

En salle et en vidéo sur demande

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Pauvres créatures

Lion d’or de la dernière Mostra de Venise, Poor Things (le titre en version originale) met en scène Emma Stone dans le rôle d’une Anglaise d’une époque victorienne surréaliste, ramenée à la vie après une tentative de suicide par un savant fou (Willem Dafoe) qui lui greffe le cerveau d’un bébé. Elle découvre peu à peu les plaisirs de la chair et ce que la nature humaine a de moins reluisant. Le Grec Yorgos Lanthimos distille son humour noir irrésistible dans cette fable subversive sur l’hypocrisie, des adultes et des hommes en particulier, qui a des accents de pamphlet féministe contre le patriarcat.

Marc Cassivi, La Presse

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Le plongeur

S’étant trouvé un solide allié en la personne du scénariste Éric K. Boulianne, Francis Leclerc livre une adaptation fidèle du formidable roman autobiographique de Stéphane Larue, Le plongeur (Le Quartanier, 2016). De fait, on retrouve dans ce récit d’apprentissage, porté par la voix assurée de Marc-André Grondin et une tonitruante bande sonore, la touffeur d’une cuisine durant le coup de feu, la rigueur de l’hiver montréalais et le désarroi du jeune joueur. Face à Henri Picard, parfait en timide et tourmenté Stéphane, Charles-Aubey Houde s’avère la grande révélation dans le rôle du gargantuesque Bébert.

Manon Dumais, La Presse

Sur Crave (abonnement requis) et en vidéo sur demande

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Spider-Man – À travers le Spider-Verse

De loin le film de superhéros de l’année, Spider-Man – Across the Spider-Verse (le titre en version originale) remporterait à coup sûr l’Oscar du meilleur long métrage d’animation si ce n’était de The Boy and the Heron. Le volet précédent, Into the Spider-Verse, l’a décroché en 2019 et sa suite est supérieure visuellement et narrativement. Dans notre critique, nous avons écrit que c’est comme si le scénario ouvrait la porte sur un monde après nous avoir seulement permis de regarder par la fenêtre. Il est vaste, coloré, diversifié ; simplement merveilleux. La conclusion arrivera plus tard que prévu, mais notre patience sera certainement récompensée.

Pascal LeBlanc, La Presse

Sur Crave dès le 22 décembre (abonnement requis) et en vidéo sur demande

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Simple comme Sylvain

Le jouissif troisième long métrage de Monia Chokri détourne les stéréotypes de la comédie romantique pour mieux exposer le désir au féminin. Sans artifice ni tabous. Lorsque Sophia (Magalie Lépine-Blondeau), une intello urbaine et prof de philosophie, rencontre à son chalet Sylvain (Pierre-Yves Cardinal), un homme à tout faire au look de bûcheron, c’est le coup de foudre ! Elle quitte conjoint et vie rangée pour cet amour d’abord clandestin, puis vécu au grand jour. Avec sa mise en scène soignée, ses dialogues comiques et brillants, Chokri propose une œuvre à la fois naturaliste et poétique. Au message universel.

Luc Boulanger, La Presse

En salle et en vidéo sur demande

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Sur l’Adamant

Avec patience et tendresse, le cinéaste Nicolas Philibert s’est penché sur les activités du centre psychiatrique de jour L’Adamant, à Paris, pour réaliser une série de portraits touchants de ses patients. À la fois œuvre politique et poétique, le film, lauréat de l’Ours d’or au dernier Festival du film de Berlin, est un appel contre la déshumanisation de la psychiatrie moderne. Dans la pure tradition du cinéma direct, Philibert propose un film essentiel et bouleversant d’humanité. Porté par l’écoute, l’empathie et l’entraide. Quelque chose comme une utopie propre au septième art. Un film magnifique, artisanal et chaleureux.

Luc Boulanger, La Presse

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Vampire humaniste cherche suicidaire consentant

Formidable film de vampires à l’humour noir, doublé d’un récit d’apprentissage sensible et attendrissant, Vampire humaniste cherche suicidaire consentant, premier long métrage d’Ariane Louis-Seize, est un numéro d’équilibriste particulièrement réussi entre le drame et la comédie, sur un sujet aussi grave et délicat que le suicide. Sasha (Sara Montpetit), une vampire adolescente récalcitrante qui refuse de céder à sa nature sanguinaire, rencontre Paul (Félix-Antoine Bénard), souffre-douleur de ses camarades de classe, qui veut en finir. Ils font un pacte et donnent vie à une comédie originale, tantôt mélancolique, tantôt hilarante.

Marc Cassivi, La Presse

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Vers un avenir radieux

Le nouveau film, librement autobiographique, de Nanni Moretti a l’effet de belles retrouvailles avec un vieux camarade. À la fois drôle et mélancolique, joyeux et nostalgique, Vers un avenir radieux est d’abord un plaidoyer pour la magie (et la survie) du cinéma d’auteur. Un art que le réalisateur italien voit comme l’ultime utopie de notre siècle fou. Un film d’amour et d’anarchie rempli de chaleur et d’espérance. L’œuvre d’un homme libre et critique face aux dérives de l’époque Netflix.

Luc Boulanger, La Presse

En salle

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