Au cours des 12 derniers mois, l'industrie automobile canadienne a révisé ses prix à la baisse sans pour autant parvenir à la parité avec les États-Unis.

À pareille date, il y a un an, la parité entre les monnaies canadienne et américaine était au coeur de toutes les discussions. De tous les débats. La parité du dollar et la généralisation de l'internet, qui facilitent les comparaisons de prix, ont incité les consommateurs à jouer à saute-frontière, au propre ou au figuré, par mandataires interposés, pour économiser parfois plusieurs milliers de dollars sur le prix de leur voiture. Certains s'en félicitent encore, d'autres s'en mordent les doigts, conséquence de la réaction plutôt paniquée de certains constructeurs: restrictions, voire suppression de la couverture des garanties; interdiction aux concessionnaires américains de vendre des voitures aux Canadiens.

Mais l'industrie automobile a pris acte de la situation et n'est pas restée insensible à la pression de l'opinion publique, même si elle entend toujours traiter chaque marché national comme s'il était étanche vis-à-vis des autres.

Des répercussions

Il est nécessaire de rappeler qu'une réduction du prix des véhicules a, à court et à moyen terme, des conséquences financières fâcheuses non seulement pour les constructeurs, mais aussi pour les consommateurs. En effet, une réduction du prix a - c'est inévitable - une répercussion directe sur la valeur de revente du véhicule. Pour une voiture louée, ce sera au constructeur d'éponger la différence entre la somme inscrite au contrat de location et une somme réduite. Pas grave, d'accord, mais si le véhicule a été acheté, c'est au consommateur d'essuyer la perte. Là, c'est moins drôle.

La prudence exacerbée des constructeurs il y a un an s'explique aujourd'hui: la parité entre les deux monnaies n'allait pas durer. Est-ce à dire que la baisse de prix observée ces derniers mois ne durera pas elle non plus? Cela reste à voir.

Les Canadiens paient toujours plus

Chose certaine, l'appréciation du huard, ces derniers mois, a contribué à réduire les écarts. Mais si on compare le prix demandé des deux côtés de la frontière, ce sont toujours les Canadiens qui paient le plus cher.

À titre d'exemple, il y a un an, une Toyota Camry LE se vendait 25 900$ au Canada, contre 20 025$ aux États-Unis. Un écart de plus de 29%. Cette année, la différence n'est plus que de 13,7%. Le prix payé par les Américains est un brin plus élevé (+575$), mais cela est très théorique dans la mesure où un rabais instantané de 500$ est actuellement accordé à nos voisins du Sud.

Difficile d'établir une règle commune à l'ensemble des constructeurs. L'écart entre la Honda Fit Sport vendue aux États-Unis et au Canada s'est resserré quelque peu, mais la différence demeure supérieure à 20%. Idem pour la Volvo XC70, dont l'écart est passé, en 12 mois, de 9520$ à 6845$. Quant à un Jeep Patriot Limited, l'écart n'est plus que de 1265$ entre les deux frontières, contre 1940$ un an plus tôt. Par contre, malgré une diminution de son prix canadien, il y a toujours plus de 30% d'écart entre les prix canadien et américain du Subaru Tribeca, un véhicule souvent cité en exemple l'an dernier pour illustrer la difficile harmonisation de l'industrie automobile.

Le rêve consumériste d'un marché automobile nord-américain unifié - même voiture, même marque, même modèle au même prix dans toute l'Amérique - n'est qu'un rêve... et demeurera un rêve, monnaie unique ou pas. Un souhait impossible à se matérialiser en raison des réalités législative, commerciale et fiscale des deux pays impliqués. Même s'il y avait uniformisation des taxes perçues par nos gouvernements respectifs, même si les normes d'homologation étaient aplanies, la taille de notre marché demeurera toujours inférieure.