Je crains que cela ne semble un peu prétentieux, voire blasé de ma part, mais en acceptant l'offre de Pierre-Marc Durivage d'assister avec lui à ce cours, je n'étais pas vraiment certain d'apprendre grand-chose.

Pour lui, qui roulerait en piste à moto pour la première fois, il s'agissait d'un événement particulièrement excitant. Dans mon cas, toutefois, ayant des milliers de tours de piste à mon actif et ayant même déjà suivi des cours de ce genre, la motivation était surtout journalistique, le but de l'exercice étant de compléter l'angle d'entrée en matière de Pierre-Marc avec la couverture d'un cours de niveau 3, ou expert.

L'organisation Turn2 Sportbike School a néanmoins bonne réputation et jouit du support pédagogique de noms tout à fait respectables. Il ne restait donc qu'à aller et à voir.

J'avais tort de m'attendre à apprendre peu. Pire, je savais fort bien qu'une telle attitude était la dernière souhaitable. C'est celle des étudiants qui entrent et ressortent des écoles sans avoir ni écouté ni appris, et aussi celle des étudiants que les instructeurs détestent. Je le sais, puisque j'ai déjà été instructeur...

Heureusement, pour toutes ces raisons, changer mon attitude fut très facile, surtout lorsque mon instructeur, Craig Archer, se mit dès les premiers moments de la journée à expliquer sa théorie de «déconcentration».

Comme pour tous les sports relativement extrêmes où l'on demande à la «machine» humaine de se surpasser, l'aspect mental de la chose représente une partie extrêmement importante de l'équation. C'est aussi un aspect peu souvent couvert.

J'ai donc été très étonné d'entendre mon instructeur (un ex-coureur, il a été champion canadien chez les amateurs en 2005) non seulement aborder le sujet, mais carrément expliquer comment, dans son cas, amener ses pensées à quitter complètement la tâche à venir, soit prendre la piste aux côtés d'une vingtaine de pilotes enragés, était la préparation mentale la plus bénéfique possible, et ce, jusqu'à la dernière seconde avant un départ.

Selon lui, à ce moment, pour un pilote expert ou un coureur, toute la préparation a déjà été faite. Sachant qu'il gérerait mieux le stress à venir décontracté et calme que concentré et anxieux, il a expliqué que les quelques minutes précédant l'entrée en piste étaient ainsi mieux utilisées.

La journée a été passée à alterner des séances en piste et en classe, où la plupart des sujets seraient indéniablement utiles à tout pilote comptant rouler vite sur circuit. À ce niveau, toutefois, les techniques de base ne sont plus qu'un rappel et le gros de l'enseignement porte sur des aspects à la fois fins et difficiles à appliquer.

Dans mon cas, Craig souhaitait surtout voir une légère, mais importante modification dans ma position de conduite, ce qui ne fut pas du tout facile à exécuter.

Ce commentaire m'avait d'ailleurs déjà été fait par des instructeurs d'autres écoles, ce qui prouve que les mauvaises habitudes ne nous quittent pas toujours facilement. Et aussi que peu importe le nombre de circuits et de tours de piste à son actif, on a toujours quelque chose à apprendre, toujours quelque chose à parfaire. Toujours.