À quoi bon changer de voiture si c'est pour se morfondre dans les embouteillages, être traqué par la police et acquitter toujours plus de taxes liées à l'achat et à l'usage d'un véhicule?

La voiture exerce moins d'attrait sur les automobilistes, à l'heure où ce poste budgétaire est le deuxième en importance pour nombre d'entre eux. Ceux qui disposent de revenus plus conséquents, et qui se tournent volontiers vers les marques de prestige, n'ont pas encore fait ce raisonnement, mais pour combien de temps?

 

Peut-on parler de phénomène City au Canada? Pourquoi pas! À elles seules, les Golf et Jetta comptent pour la moitié des immatriculations du constructeur allemand au pays. Une situation qui n'inquiète pas le moins du monde le distributeur canadien qui, la main sur le coeur, jure que les City «ne cannibalisent pas les autres produits, ni ne torpillent l'image sérieuse de la marque». Seul bémol, pour le distributeur, elles génèrent peu de profits. Et sans doute en généreront-elles encore moins après la mise à jour esthétique et technique dont elles font l'objet cette année. Mais ce n'est pas notre problème tant que les prix demeurent attractifs. Et ils le sont à la condition de faire une croix sur quantité d'accessoires. La Jetta City essayée ici coûte 16 900$. Une somme qui se compare avantageusement au prix de ses rivales mieux équipées...

Voyons voir. On doit payer un supplément pour les rétroviseurs électriques, les jantes en alliage, le climatiseur, le régulateur de vitesse, les glaces électriques et les coussins et rideaux gonflables latéraux. Tous ces accessoires se retrouvent de série sur une Accent GL (15 745$) ou une Nissan Versa SL (17 798$). Équipée de façon comparable, la City coûte 19 710$. Tout compte fait, ce n'est pas la meilleure affaire en ville.

Cependant, dire que la City est minimale serait injuste. Elle ne l'est pas plus en tout cas qu'une Accent ou une Versa. On sent que les prix sont serrés comme le cuissard de Lance Armstrong, mais on sauve les apparences. On dirait une (ancienne) Passat. Le baquet du conducteur, tout comme la colonne de direction, se règle aussi bien en hauteur qu'en profondeur, ce qui facilite la recherche d'une position de conduite confortable. Les rangements sont nombreux à l'avant, mais totalement absents à l'arrière. La bascule des dossiers surmontés de trois appuie-tête augmente au besoin le volume de chargement. La finition reste simple mais pas minimaliste, et les assemblages sont très corrects. Le tableau de bord est rehaussé de plaques métallisées, toutes fausses évidemment, à l'exception de celle qui enlace le levier de la boîte automatique. Cette dernière, en option, est accompagnée d'un ordinateur de bord.

Alors, où est l'intérêt de se procurer une City? Sa taille? Il est vrai que l'allemande repose sur un empattement plus long que celui d'une Accent, mais là est sans doute son seul «avantage» car, dans tous les autres domaines sauf le dégagement accordé aux épaules, la Volkswagen doit battre en retraite face à ses rivales plus modernes. Même le coffre, autrefois considéré géant, est éclipsé par celui d'une berline Versa (391 litres par rapport à 368 pour la City).

Sur les petites routes vallonnées de la région, la City se sent à l'aise. La suspension, campée sur des pneus de taille relativement haute, est confortable, même sur les routes «déformées» que nous avons parcourues. Au passage d'un dos d'âne par exemple, la caisse semble prendre une courte autonomie planante par rapport aux roues, rivées au sol. Pas désagréable finalement, et plutôt efficace sur le réseau secondaire.

La City peut même se révéler une excellente auto d'apprentissage de la conduite, sur le plan du ressenti: un virage mal négocié entraîne un sous-virage, qui lui-même se traduit par une lourdeur dans le volant. Instructif.

Petit prix signifie, dans l'inconscient du consommateur, petite voiture. Les 4,3 mètres de long de la Jetta City ne cadrent pas avec un usage essentiellement urbain. En revanche, contrairement à certaines citadines, elle ne craint pas de prendre la route et d'affronter les grands vents.

Compte tenu de sa cylindrée, la puissance de son moteur quatre cylindres paraît fort modeste (115 chevaux). Des performances «suffisantes». Selon le terme qu'affectionnait autrefois Rolls-Royce, cette City fait face à toutes les situations, pourvu qu'elle ne soit pas trop chargée. Cela dit, il faut reconnaître à ce moteur sa robustesse et sa fiabilité. En revanche, sa soif est difficile à étancher.

Sur un parcours urbain, la Jetta City consomme près de 2 L/100 km de plus que la Nissan Versa (122 chevaux), qui déjà n'est pas reconnue comme la plus économe de sa catégorie. La transmission manuelle de série prête également flanc à la critique.

Le levier, un peu trop ferme, manque de précision en usage soutenu, et accroche légèrement au passage de vitesses. L'agréable surprise: la transmission semi-automatique à six rapports offerte en option (1400$) se révèle, à notre humble avis, celle avec qui il faut prendre rendez-vous. Souple, intelligente, elle parvient à masquer partiellement la vétusté de la mécanique, mais sans pour autant améliorer la consommation.

Reste maintenant l'épineuse question de la fiabilité. Plus que jamais. Les contrôles de qualité ont été resserrés et la communication entre l'usine, le bureau des ingénieurs et les concessionnaires est aujourd'hui beaucoup plus fluide que par le passé, ce qui améliore de beaucoup la prise en charge des problèmes potentiels. Et, même si 5600 km ne font pas foi de tout, nous n'avons éprouvé aucun problème. Ah si! le pare-brise a été fendu par une pierre et la compagnie d'assurances s'en est chargée. Alors, nous vieillirons ensemble...