Les constructeurs chinois, qui tentent de prendre pied en Europe avec des voitures haut de gamme à bas prix, ont le plus grand mal à percer, leurs modèles étant la cible de plaintes pour copie et se heurtant à des normes environnementales et de sécurité strictes.

X-Pedition, le 4x4 du fabricant Jiangling, aurait dû être la première voiture chinoise à faire son entrée sur le marché français en janvier 2007. Le tout-terrain, qui s'inspire de la Frontera d'Opel, avait été présenté en grande pompe lors du dernier Mondial de l'automobile de Paris en 2006.

Deux ans après, le bilan est plus que décevant: «aucune voiture chinoise n'a été vendue en France», reconnaît Elisabeth Young, présidente d'Asie Auto, importateur de voitures chinoises, qui avait tablé sur 2000 ventes par an.

Si X-Pedition a fini par recevoir son homologation en mars 2008, soit avec un an de retard pour avoir subi des «crash tests» désastreux, il ne sera finalement pas lancé: «le marché des 4X4 en France s'est détérioré en raison du malus» frappant les voitures polluantes, a-t-elle expliqué.

Du coup, Asie Auto a décidé d'exhiber cette année quatre modèles d'un autre constructeur, Brilliance, deux berlines, une citadine et un coupé sportif, «qui collent plus au marché français».

Ces modèles sont «10 à 20% moins chers que la concurrence», allant de 11 000 à 20 000 euros (16 000 à 30 000 $CAN), fait valoir Mme Young. Mais faute d'homologation, toujours en attente, ces voitures ne seront pas commercialisées en France avant la mi-2009.

En Europe, Brilliance n'a vendu que 500 exemplaires de sa berline BS6, qui avait échoué à un «crash test» de l'automobile-club allemand ADAC. Depuis, des «améliorations techniques ont été apportées», assure Hans-Ulrich Sachs, directeur général de l'importateur HSO Motors Europe.

Malgré cette contre-publicité, il se montre confiant: «quand j'ai importé les premières voitures du coréen Hyundai en Allemagne en 1991, les gens m'ont pris pour un fou, et regardez leur succès maintenant. Avec les marques chinoises, cela ira encore plus vite».

«Nos 4X4, c'est du low cost de luxe, avec la climatisation, intérieur cuir et le radar de recul», fait valoir Benoît Chambon, responsable marketing sur le stand de l'importateur China Automobile France.

Le tout-terrain Shuanghuan CEO, qui a reçu le précieux sésame pour entrer sur le marché français, devrait y être commercialisé «d'ici début 2009», prévoit M. Cambon. En Allemagne, il a fait l'objet d'une plainte de BMW, qui a accusé les Chinois d'avoir copié son modèle de tout-terrain X5.

Le constructeur Shuanghuan s'est aussi attiré les foudres de Mercedes pour sa mini-citadine Noble, une copie conforme de la Smart, selon l'allemand. Un autre constructeur chinois, Great Wall, a été poursuivi par l'italien Fiat pour avoir copié sa Panda.

«Les Chinois s'inspirent des modèles européens, mais ce ne sont jamais des copies identiques», assure Champion Davis, directeur général du fabricant China Xingyue Group. «Dans cinq ans, les voitures chinoises se vendront partout en Europe», estime-t-il.

Le constructeur français Renault a déjà trouvé la parade, grâce à sa Logan, sa voiture «low cost». «C'est une riposte à la menace chinoise qui est à prendre au sérieux, d'autant que les Chinois s'améliorent très vite», estime Christian Estève, président du conseil d'administration de la marque Dacia.

Un avis partagé par Guillaume Mouren, analyste chez Xerfi, qui juge qu'«à moyen terme, il faut s'attendre à ce que les Chinois réussissent à produire des véhicules aussi performants que les Européens ou les Américains».