Ils sont partout. Omniprésents. Et difficilement enrayables. Les emballages, ces « plaies de notre conscience », perçus à bien des égards comme un mal nécessaire, ont bien mauvaise presse par les temps qui courent. Mais si l’enjeu était ailleurs ?

Dans la foulée du Jour de la Terre, qui avait lieu samedi, Savoir média présente ce lundi Tout déballer, un documentaire éclairant sur le sujet, lequel propose un angle intéressant : et si le problème n’était pas l’emballage en général, mais bien les mauvais emballages en particulier ?

Poser la question, c’est déjà y répondre, même oser une deuxième proposition tout aussi engageante, voire « politique » : et si on pouvait emballer mieux ?

Les emballages ne sont pas juste esthétiques. Ils deviennent aussi politiques.

Sophie Lambert, réalisatrice

Réalisé par Sophie Lambert (L’amour au temps du numérique) et Sylvain Allard, professeur à l’École de design de l’UQAM, expert en écoconception, Tout déballer vulgarise ici en une petite heure l’invention de l’emballage (de l’amphore en terre cuite aux boîtes de conserve), révolutionnée par la découverte du plastique et liée intrinsèquement à nos modes de vie modernes. Avec les enjeux actuels que l’on sait.

Nous les avons rencontrés la semaine dernière pour en discuter.

Vous connaissez quelqu’un qui cuit ses propres chips, vous ? Nous non plus. D’où l’utilité desdits sacs, un exemple entre mille qui illustre à quel point la question nous touche tous. Pensez-y en déballant votre prochain chocolat colombien.

Eh non, apprend-on, les emballages ne sont pas que néfastes. Le plastique n’est pas non plus diabolique. Aussi éphémères soient-ils, ils ont aussi beaucoup de bon (en protégeant les aliments, en ralentissant leur dégradation, en informant le consommateur des différentes propriétés d’un produit, etc.).

Mais bon, on le sait, c’est du côté de leur durée de vie et de leur quantité que ça se gâte. Chaque minute, rappelle-t-on, l’équivalent d’un camion rempli d’emballages est déversé dans l’océan. Emballages qui se propagent et s’infiltrent ensuite partout. On en retrouve des particules jusque dans la bière, le miel, notre sang.

Glaçant, vous dites ? Certes, quoique ça ne soit pas l’objectif du documentaire, qui se veut plutôt ici en mode solution ou, disons, « création ».

IMAGE FOURNIE PAR SAVOIR MÉDIA

Sylvain Allard, professeur à l’École de design de l’UQAM, expert en écoconception

On le sait, si un emballage est bien conçu, il aura moins d’impact environnemental. L’écoconception, c’est la base.

Sylvain Allard, professeur à l’École de design de l’UQAM, expert en écoconception

L’homme rêve aussi du jour où cette conception écologique, prenant en charge le produit jusqu’à sa fin de vie, deviendra la norme. Et il y croit. Le film, produit grâce à la collaboration d’Éco Entreprises Québec et de l’Université du Québec à Montréal, donne en outre la parole à quantité d’experts (en design écologique et industriel, mais aussi à des gens qui font autrement, par le zéro déchet, la consigne ou l’économie circulaire), qui proposent des solutions en amont (exemple probant : la bouteille de bière brune).

En gros : en ne mettant pas le poids du changement (que) sur le consommateur, mais plutôt du côté de l’industrie. « Il faut revoir la façon de créer, poursuit Sylvain Allard, qui enseigne le sujet depuis 20 ans. Le design est là pour améliorer la qualité de vie des gens. Maintenant, il faut que cela inclue l’environnement. »

IMAGE FOURNIE PAR SAVOIR MÉDIA

Des emballages d’hier à aujourd’hui

Comment ? Via les fameux trois R (réduire, réutiliser, recycler) du côté de l’industrie toujours, du système, quoi. « Moi, je suis l’apôtre du changement des systèmes. Les consommateurs en ont pas mal sur les épaules, il faut créer des systèmes pour aider les citoyens », dit-il.

Non, il n’y a pas de solution unique. Le recyclage est loin d’être parfait, on le sait. Et le compostage n’est pas exactement une panacée. Mais il y a des avenues à explorer. Pour ce faire, encore faut-il s’informer.

« Il y a de l’espoir », conclut Sophie Lambert, qui espère ici conscientiser le spectateur/consommateur. Et en prime le politiser. « Être découragé ne sert à rien, ajoute Sylvain Allard. Il faut continuer de faire son possible, demander des comptes à nos élus. […] Il faut que ça s’enseigne dans nos écoles. Que les designers soient sensibilisés et que le système ne permette plus à des entreprises de produire des biens irresponsables. » Bref : jetables.

Ce lundi soir, 21 h, sur Savoir média

Regardez le documentaire en ligne