Il est Français. Elle est Américaine. Ils se sont rencontrés au Québec il y a presque 50 ans. Mais c'est la première fois qu'ils tournent ensemble. Discussion à bâtons rompus autour du passé, du présent et du rock'n'roll.

Dick et Nanette, il y a longtemps que vous vous connaissez?

Dick Rivers (D.R.) - Au moins 40 ans, non? La première fois, c'était sur le plateau de Fleurs d'amour fleurs d'amitiés. À l'Expo, vers 1967...

Nanette Workman (N.W.) - Oui, l'émission que j'avais avec Tony Roman...

D.R. - Après, on a fait d'autres télés. Tarata, entre autres. Mais l'année, je ne me souviens plus trop. Le passé ne m'intéresse pas.

Sur scène, vous revisitez pourtant votre passé.

D.R. - Obligé. J'ai un gros passé. Mais attention. Je les remanie, ces chansons. C'est pas les arrangements de l'époque. C'est modernisé à «donf».

N.W. - Ça fait partie de la game. Ces chansons, c'est ce qui nous a mis sur la map. Quand on voit la réaction du public, il y a du plaisir à les refaire.

Vous sortez, chacun de votre côté, des disques à un rythme régulier. C'est achalant de voir que le public préfère encore vos anciennes chansons?

D.R. - Nous vivons tous dans une sorte de nostalgie inconsciente. Tu peux faire le plus beau disque du monde. Ça va prendre un certain temps avant que les gens le digèrent. C'est humain. À la limite, c'est heureux que des gens comme moi et Nanette, on ait ça. Si on n'avait pas les anciennes, on pourrait pas présenter les nouvelles. La scène est très importante pour ça, dans un monde où les radios ne font plus leur boulot.

Que voulez-vous dire?

D.R. - Avant les radios découvraient les choses. Elles créaient des succès. Aujourd'hui, elles passent ce qui marche.

N.W. - Disons que c'est malheureux pour les radios que l'internet ait pris autant de force. Je découvre des chanteuses sur YouTube. Des filles dont je n'ai jamais entendu parler. Je regarde: il y a 3 millions de personnes qui ont écouté le clip. Badluck for the radio.

La scène, c'est la façon de garder le contact, alors?

D.R. - C'est la façon de montrer qu'on est là et bien là. Ça nous permet d'évoluer.

N.W. - Ça nous permet de nous éclater. De donner tribune à un autre côté de notre personnalité.

À ce sujet, qu'avez-vous de semblable? De différent?

D.R. - On a des goûts communs. Nos racines musicales. On se ressemble, dans l'attitude. Nanette, c'est classe et c'est rock en même temps.

N.W. - On se ressemble dans l'amour de ce qu'on fait. L'amour de nos racines musicales. Même si on a des backgrounds très différents au niveau culturel. Lui, sa culture est française...

D.R. - [en faisant la moue] Je suis né en France, mais ma culture n'est pas française. Elle est rock'n'roll.

N.W. - Tu es quand même allée à l'école en France, moi au Mississippi. L'Amérique, c'est plutôt la culture de ton coeur.

Vous avez aussi le même âge: 68 ans. Jusqu'à quel âge on peut chanter du rock?

N.W. - Il n'y a pas d'âge. Regarde Mick Jagger. Il est plus vieux que nous!

D.R. - Oui, bon, enfin, rock, faut pas exagérer non plus. On fait trois ou quatre trucs qui balancent à mort parce qu'on aime ça. Mais mes albums, c'est pas rock. C'est, j'espère, de la bonne musique. Qui me permet de surprendre et de me renouveler.

N.W. - Quand je fais un album, c'est comme si je retombais en adolescence. C'est quand tu perds ce goût-là, la passion de créer, que tu es mort.

Ça ne vous est jamais arrivé d'être fatigués? D'en avoir assez?

N.W. - Fatiguée, non. Découragée, des fois.

D.R. - (grand rire) Pas découragés par ce qu'on fait, mais par le show-business. Ce qu'il y a autour. Devoir expliquer certaines choses. Avoir une certaine estampille... Les Français adorent classer les gens.

Oui, vous traînez encore cette image du rockeur des années 60...

D.R. - Ça dépend. Depuis les albums du début des années 2000, j'ai eu beaucoup de presse branchée...

N.W. - Je déteste ces histoires d'images. Ça peut ruiner la carrière de quelqu'un. Devoir être à la hauteur de son image...

Incroyable, en tout cas, de voir comment vos carrières ont duré. Dick depuis 1961. Nanette depuis 1965...

N.W. - Passion. It's all about that...

D.R. - Le talent, cher ami, le talent! On en avait peut-être un peu, aussi...

En tournée au Québec

> Le 13 février à l'Olympia à Montréal

> Le 14 à Saint-Hyacinthe

> Le 17 à Sherbrooke

> Le 18 à Brossard

> Le 19 à Trois-Rivières

> Le 21 à Baie-Comeau

> Le 22 à Sept-Îles

> Le 27 à Joliette

> Le 28 à Granby

> Le 1er mars à Québec

> Le 2 à l'Assomption

> Le 6 à Gatineau

> Le 7 à Saint-Jean-sur-Richelieu

> Le 8 à Rivière-du-Loup