Installée depuis des mois à Québec, la jazzwoman torontoise Emilie-Claire Barlow vient d’amorcer à Lac-Brome une tournée québécoise qui la mènera de Gatineau à Port-Cartier. Elle amènera avec elle ses chansons peuplées d’oiseaux qui aident à faire le printemps à l’intérieur de soi.

Il y a une dizaine d’années, sur son album Seule ce soir, Emilie-Claire Barlow a enregistré Petit matin de Sylvain Lelièvre, l’élégant poète de Limoilou. C’est précisément dans ce quartier de la ville de Québec qu’on la retrouve, par écrans interposés, à la fin du mois de mars. Elle a l’œil pétillant, le rire facile.

« Je voulais voir what it’s like de vivre ici », dit-elle dans un français charmant qu’elle ponctue de mots en anglais. Ce désir découle du coup de foudre qu’elle a eu à son premier concert dans notre Vieille Capitale. Arrivée par l’avenue Honoré-Mercier en provenance de Toronto, elle avait été éblouie par les lumières de la basse-ville, la beauté de la place d’Youville et l’architecture du Palais Montcalm, où elle allait chanter.

Emilie-Claire Barlow est installée dans le quartier Limoilou depuis l’été dernier. L’endroit lui servira de camp de base pour la tournée québécoise qu’elle vient tout juste d’amorcer et qui, d’ici la fin du mois d’avril, l’aura menée partout en province en cette fin d’hiver. La neige qu’elle croisera sur son chemin ne lui fait pas peur. En fait, elle aime chanter ici durant la saison froide. « Ça donne quelque chose de spécial. On dirait que tout le monde cherche une source de réconfort. »

Faire comme l’oiseau

Il y a toujours eu quelque chose de réconfortant dans le jazz rond et onctueux d’Emilie-Claire Barlow. Sa prochaine tournée le sera d’autant plus que son plus récent disque, Spark Bird, paru il y a tout juste un an, est justement né d’un besoin de réconfort.

La plus francophile des jazzwomen canadiennes a passé une partie de la pandémie au Mexique, où elle possède une maison, se demandant si elle allait un jour pouvoir pratiquer son métier de nouveau. Puis, est survenu un petit évènement qui a attiré son attention. « Chaque matin, un oiseau venait pour frapper à la fenêtre avant de repartir rapidement », raconte-t-elle.

Extrait de Bird of Beauty, d’Emilie-Claire Barlow
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Intriguée, elle restait à l’affût dans l’espoir de l’identifier. Peine perdue, elle ne voyait qu’un flash jaune et noir, jusqu’à ce qu’elle installe une caméra pour lui croquer le portrait. Elle a fini par l’identifier : c’était un cassique à ailes jaunes. « Cet oiseau est devenu une espèce d’obsession pour moi et, par la suite, j’ai commencé à remarquer tous les oiseaux, tout le temps. »

Et surtout à écouter leurs chants. « J’ai trouvé dans les oiseaux une sorte de réconfort. C’était une distraction pour moi, presque une méditation », explique-t-elle.

Quand je prenais le temps de les écouter, c’était le seul moment de la journée où je ne pensais à rien d’autre. Ils étaient drôles et dégageaient de la joie. Ils me faisaient ressentir de la joie.

Emilie-Claire Barlow

Son album Spark Bird est directement inspiré de cette expérience. Il regroupe huit morceaux peuplés d’oiseaux, dont Bird of Beauty de Stevie Wonder, Little Jazz Bird d’Ira et George Gershwin (jadis chantée par Blossom Dearie), Skylark de Hoagy Carmichael et même Fais comme l’oiseau de Michel Fugain. Des airs connus qu’elle a ramenés dans un univers jazz raffiné, au swing tamisé.

« Je voulais installer une ambiance d’espoir. Peut-être l’espoir d’un printemps après la pandémie. Quelqu’un m’a déjà demandé si c’était un espoir de libération parce que les oiseaux sont vraiment libres. Je n’avais jamais pensé à ça, mais je pense que, subtilement, c’était là. Mais je voulais vraiment juste apporter un peu de joie. »

Ces sentiments la transportent visiblement toujours, un an après la sortie du disque, à l’orée d’une tournée qui la mènera un peu partout au Québec avant des sauts de puce ailleurs au Canada. Emilie-Claire Barlow chantera aussi deux soirs en juin au Birdland, emblématique club de jazz new-yorkais. Elle sera accompagnée de ses musiciens de longue date Kelly Jefferson au saxophone, Jon Maharaj à la contrebasse et Reg Schwager à la guitare.

Consultez le site de la chanteuse

Qui est Emilie-Claire Barlow ?

Originaire de Toronto, Emilie-Claire Barlow est une chanteuse de jazz, arrangeuse et productrice de disques.

Elle chante principalement en anglais, mais s’est aussi entichée de la langue française au point d’apprendre à la parler.

Sa discographie compte un album de chansons québécoises et françaises intitulé Seule ce soir.