Avec sa traditionnelle Veillée de l’avant-veille, le groupe Le Vent du Nord tourne la page une fois de plus sur une année riche en concerts. Il tournera aussi une page de son histoire : ce concert marquera le départ d’un des membres du quintette, Simon Beaudry.

Peu de groupes québécois possèdent un parcours aussi impressionnant que celui du Vent du Nord. Pilier de la trad québécoise, le groupe fait des tournées internationales imposantes qui l’ont mené sur quatre continents en 22 ans. Sa trajectoire est aussi jalonnée de plusieurs prix nationaux et internationaux. En mai dernier, son album 20 printemps lui a d’ailleurs valu le prix Songlines – une référence en folk et musiques du monde – remis au meilleur disque des… Amériques.

« C’est la première fois qu’un groupe francophone gagne ce prix-là, signale Olivier Demers, sans vantardise, mais avec fierté. Ça montre aussi combien on est connus au Royaume-Uni. »

Souvent, on clôture les soirées dans les festivals. On remplit nos salles, là-bas. En Écosse, à Glasgow, on joue dans des salles de 2000 places.

Olivier Demers

Le plus difficile pour un groupe qui dure longtemps, c’est de rester pertinent. Ça veut dire trouver un équilibre entre son identité sonore et les projets qui le font sortir de sa zone de confort. La Veillée de l’avant-veille fait partie des choses qu’on attend, année après année, de la part du Vent du Nord. C’est une manière de mesurer le chemin parcouru et de se rassembler autour de la musique et de la danse.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

Lancement de la tournée du Vent du Nord au Théâtre Plaza, en 2022

Le 30 décembre, Le Vent du Nord a invité un monument lanaudois, le groupe Hommage aux aînés. Un phénomène… ultra local, décrivent Simon Beaudry et Olivier Demers : cette formation remplit, disent-ils, des salles de 400 ou 500 places et vend environ 10 000 exemplaires de chacun de ses albums dans un territoire d’environ 50 kilomètres carrés autour du village de Saint-Côme. Le « câlleur » de danse Éric Tarte sera de la partie, de même que la comédienne Ariel Charest, qui fera la traditionnelle bénédiction.

Simon Beaudry se retire

Olivier Demers (chant, violon, podorythmie, guitare) dit que La veillée de l’avant-veille est toujours une soirée « spéciale ». Elle le sera encore plus cette année puisqu’il s’agira du dernier concert sur le sol québécois de Simon Beaudry (chant, guitare, bouzouki irlandais). Il range son passeport après 18 ans de musique et de voyages avec la formation complétée par Nicolas Boulerice (chant, vielle à roue, accordéon à touches piano), André Brunet (chant, violon, podorythmie) et Réjean Brunet (chant, basse, accordéon diatonique, guimbarde).

« Ce sera émotif pour moi et pour bien des gens qui seront dans la salle », convient Simon Beaudry. Il part par envie de se consacrer à sa famille (il a un jeune fils), de ralentir le rythme (les tournées incessantes ne lui convenaient plus) et par respect pour ses collègues et amis.

Continuer sans être heureux, ç’aurait hypothéqué le groupe. C’est délicat, l’équilibre d’un groupe. Comme je considérais que je ne pouvais plus le faire à 100 %, c’était la décision à prendre pour moi et pour eux.

Simon Beaudry

Il part la tête haute. « Le Vent du Nord ne s’est jamais contenté d’être un groupe de divertissement. Il y a un engagement politique, une fierté de parler du Québec, de notre langue, d’où on vient, et ça, c’est motivant, explique Simon Beaudry. On a construit une chose dont on est fiers et je pense qu’on l’a fait de manière assez saine. »

Un album exceptionnel

Le Vent du Nord n’est pas sur le « pilote automatique », juge Olivier Demers. Rien n’est plus vrai. Plutôt que de souligner ses 20 ans avec une compilation de ses airs les plus appréciés, le groupe l’a fait en sortant en 2022 un album de chansons nouvelles, mêlant comme toujours compositions originales et répertoire traditionnel. Aussi, en début d’année, le quintette a osé en publiant un disque où ses chanteurs se mêlaient à un quatuor à cordes (le Quatuor trad) et au pianiste classique Philippe Prud’homme.

Extrait d'Amériquois

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Il faudrait aligner les superlatifs pour dire combien le disque Les voix du Vent avec cordes et piano est fantastique. Les cinq gars du groupe n’y touchent aucun instrument, ils ne font que chanter ensemble, en harmonie, ce qu’ils font magnifiquement depuis toujours. « On se fait parler de nos harmonies vocales depuis nos débuts, confirme Simon Beaudry, alors on s’est dit : et si on laissait toute la place aux voix ? »

Olivier Demers a été très impliqué dans la création des arrangements classiques, qui montrent toute la richesse mélodique du répertoire du Vent du Nord, tout en transportant les chansons dans un autre univers avec brio. Insistons : Les voix du Vent avec cordes et piano est un disque d’une beauté rare, qui prouve qu’on peut explorer sur le plan musical tout en restant accessible et toucher droit au cœur. En plus de poursuivre sa tournée 20 printemps ici et ailleurs, le groupe présentera aussi la matière de cet album « classique » en concert au cours de l’année qui vient. Ce qui donne envie d’être déjà en 2024.

En tournée québécoise jusqu’au 30 décembre, soir de La veillée de l’avant-veille au Club Soda

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